La SFEF : la mini Fannie Mae à la française
Par Vincent Benard
La SFEF, "Société de Financement de l'Economie Française", est une structure
mixte créée en catastrophe à la fin de l'année 2008 pour, selon le gouvernement,
apporter des liquidités aux banques pour qu'elles financent l'économie.
La SFEF émet une dette garantie par l'état et reprête aux entreprises avec une
ressource moins coûteuse que s'il avait fallu emprunter sans la garantie
publique. Cela ne vous rappelle rien ? Mais oui, Fannie Mae et Freddie Mac
fonctionnaient comme cela, même si la destination des prêts n'était pas la même
!
De fait, les ratios financiers de la SFEF laissent songeurs:
Avec un bilan aussi fragile, la probabilité de devoir faire jouer la garantie de l'état si la conjoncture met beaucoup d'emprunteurs en défaut est forte, et logiquement, la dette de la SFEF devrait être comptée comme une dette publique et non comme une caution hors bilan. Mais l'état ne veut surtout pas que le chiffre officiel de sa dette ne soit impacté par la SFEF. Il va donc contraindre les banques à reprendre ses 34%, ce qui les forcera à recapitaliser massivement le "machin", ou, par un artifice comptable légal déjà dénoncé ici, avoir recours à de la dette subordonnée, plus coûteuse, pour renforcer leurs "pseudo fonds propres" TIER2.
Et ainsi, Bercy a obtenu que la dette de la SFEF soit ôtée des comptes publics. Je serai curieux de connaître tous les engagements hors bilan de l'état (et pas uniquement les retraites publiques du rapport Pébereau): SFEF, CNAVTS, entreprises publiques, CDC...
La seule "bonne" nouvelle est que les émissions de la SFEF seraient gelées au 31 décembre: si cela se confirme, la SFEF verra alors le total de ses engagements se réduire année après année. Juste un tout petit Freddie Mac, donc...
Il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une opération de camouflage comptable, et d'un dispositif de privatisation de larges profits pour les banques bénéficiaires, et de nationalisation des pertes si d'aventure le coût artificiellement bas de la ressource leur a fait consentir des prêts de qualité trop médiocre, ce qui s'est passé avec Fannie et Freddie... Des dispositions législatives fortes devraient être prises pour empêcher l'état de jouer ainsi avec la caution du contribuable.