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Peur, euphorie, panique : maîtriser le cycle psychologique pour investir comme un pro

Par Sovanna Sek, le 16/10/2025

Sovanna Sek

La Bourse est un milieu dans lequel règnent successivement l’espoir, l’avidité, la peur et l’euphorie, bien au-delà de la simple logique économique et financier. Pour l’investisseur non averti, ce vacarme est une source de confusion et, souvent, de pertes. Mais pour ceux qui comprennent le tempo sous-jacent, il existe une mélodie plus subtile : celui d’acheter lorsque la peur est palpable et de vendre lorsque l’euphorie est générale. Ce n’est pas une formule magique, mais une discipline mentale qui consiste à aller à l’encontre de son propre instinct de troupeau.

Adopter cette philosophie, c’est embrasser l’inconfort. C’est ressentir le froid de l’incertitude dans ses os lorsque les titres chutent et que les médias annoncent la fin du monde, et pourtant, trouver le courage de passer à l’acte. À l’inverse, c’est ressentir la chaleur enivrante d’un portefeuille qui s’envole et voir ses pairs s’enrichir sur le papier, puis avoir la lucidité de prendre ses bénéfices alors que tout le monde vous dit que le rallye est sans fin. C’est dans cet espace contre-intuitif que se construisent les fortunes à long terme, non pas en suivant la foule, mais en la devançant.

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Le cycle psychologique : L’anatomie d’une bulle de marché

Toute bulle de marché, de la tulipomanie du XVIIe siècle à la frénésie des cryptomonnaies, suit un cycle psychologique remarquablement similaire, un véritable miroir de l’âme collective des investisseurs. Tout commence dans la phase d’innovation, souvent après un krach, alors que le marché est encore prisonnier par le pessimisme. Quelques esprits clairvoyants repèrent une opportunité, une nouvelle technologie ou un changement de paradigme. Les prix commencent à grimper doucement, mais le grand public reste sceptique, se rappelant encore la douleur de la dernière chute. C’est la phase la plus difficile pour acheter, car elle nécessite une conviction profonde en l’absence de tout enthousiasme.

Vient ensuite la phase d'euphorie. C’est là que la psychologie de masse bascule. Les médias relatent les succès spectaculaires des premiers investisseurs, et la peur de manquer une opportunité – le célèbre FOMO – s’empare de tous. Votre coiffeur, votre voisin, votre cousin vous parlent de leurs gains faciles. La rationalité est évincée par la frénésie ; les valorisations deviennent extravagantes, justifiées par des récits du type "cette fois, c’est différent". C’est le pic de l’optimisme, le moment où il est le plus dangereux d’acheter, mais le plus tentant. Puis, inévitablement, arrive le désenchantement. Un événement, mineur au départ, fait vaciller la confiance. Les premiers vendeurs réalisent leurs bénéfices, la vente s’accélère, et la peur remplace soudainement l’avidité. Enfin, le cycle s’achève dans la capitulation et le désespoir. Les cours s’effondrent, les investisseurs paniquent et vendent à tout prix, anéantis. Le marché retourne à la phase de pessimisme, préparant le terrain pour le prochain cycle.

Adapter son portefeuille : Une boussole dans la tempête

Face à ces ascensions émotionnelles, votre portefeuille n’est pas une coquille de noix à la merci des vagues. Il doit être votre ancre. Lorsque l’euphorie s’installe et que chaque titre semble être un succès, c’est le moment de prendre son courage à deux mains. C’est à ce stade qu’il faut avoir le sang-froid de procéder à des prises de bénéfices. Vendre par paliers sur les actifs qui ont le plus performé n’est pas un renoncement, mais une conservation des gains. C’est aussi le moment idéal pour rééquilibrer son portefeuille vers des actifs plus défensifs ou sous-évalués, et augmenter sa trésorerie. Avoir du cash disponible lorsque tout le monde est investi à 100% n’est pas un signe de passivité, mais une préparation stratégique pour la prochaine occasion.

À l’inverse, lorsque la peur règne en maître et que les marchés plongent dans le rouge sang, votre pire ennemi est la panique. C’est pourtant dans ces moments-là que votre trésorerie devient une arme précieuse. Au lieu de vendre dans la précipitation, il faut avoir le courage d'acheter à prix discount. Cela ne signifie pas jeter de l’argent sur n’importe quelle action en chute libre, mais identifier les entreprises solides, avec des bilans sains et un modèle économique robuste, qui sont temporairement à la cave. Investir progressivement, par exemple avec des ordres programmés, permet de lisser le risque et de dompter ses propres émotions. Vous n’achèterez probablement au prix le plus bas, mais vous acquerrez des actifs robustes à un prix bien plus attractif qu’en période d’euphorie.

Transformer la volatilité en alliée

Investir en Bourse est bien plus qu’une simple affaire de chiffres et de graphiques. C’est aussi une épreuve psychologique, un test permanent sur vous-même. La stratégie « acheter la peur, vendre l’euphorie » n’est pas une garantie de profit à chaque transaction, mais une boussole qui permet de naviguer dans les eaux tumultueuses des cycles de marché sans se perdre. Elle exige une humilité fondamentale : reconnaître que l’on ne peut ni chronométrer parfaitement le marché, ni prédire ses sommets et ses creux avec exactitude.

En définitive, le succès en Bourse ne se mesure pas à la performance d’un jour, mais à la préservation et à la croissance de son capital sur le très long terme. En cultivant la patience d’un jardinier qui sème en hiver et récolte en été, et en résistant au chant des sirènes lorsque tout le monde célèbre une mer calme, vous transformez la volatilité, souvent perçue comme un risque, en votre plus grande alliée. C’est dans ce décalage, dans ce courage d’être contraire, que réside l’authentique opportunité de bâtir une richesse durable.


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