Depuis deux ans, l’action Pernod Ricard est soumise à une véritable purge : en l’espace de dix-huit mois, elle a perdu jusqu’à 60 % de sa valeur, sans signe visible d’inversion de tendance. Le moral des investisseurs s’assombrit, confrontés à une succession de trimestriels décevants et des perspectives revues à la baisse.
Sur l’exercice 2024-2025, le chiffre d’affaires a glissé à 10 959 millions d’euros, soit une baisse de 5,5 % en valeur publiée et de 3,0 % en organique. Cette contraction est largement imputable aux effets de change – notamment les devises émergentes – et à une demande déclinante sur les marchés clés. Le recul touche aussi les résultats : en 2023-2024, le chiffre d’affaires avait déjà reculé de 4 % à 11 598 M€, tandis que le résultat opérationnel courant plongeait de 7 % à 3 116 M€, et le résultat net courant part du groupe reculait de 15 %.
L’accélération de la baisse ces derniers mois s’inscrit dans un contexte défavorable : l’Amérique du Nord, premier marché stratégique, accuse –6 % de recul ; la Chine subit une chute de 21 % des ventes de cognac Martell et whiskies, fragilisée par des tensions douanières. Face à une demande en berne, l’entreprise a annoncé un plan de restructuration visant à générer 1 milliard d’euros d’économies d’ici 2029 et envisagé des suppressions de postes pour alléger sa structure.
La stratégie de premiumisation paraît vacillante dans ce climat d’attentisme : l’augmentation des prix ne suffit plus à compenser la contraction des volumes, tandis que les distributeurs freinent les réassorts. Par ailleurs, les multiples de valorisation semblent déjà refléter un scénario pessimiste, offrant peu de marge de sécurité pour les investisseurs.
À court terme, l’ombre d’un nouveau trimestre défavorable plane — les brokers anticipent déjà des ventes organiques en baisse de 8 % au T1 2025-2026. La confiance reste ténue dans un secteur soumis à la conjoncture mondiale, la pression réglementaire et les risques géopolitiques.
Techniquement la situation est toujours délicate. L'action Pernod Ricard reste inscrite dans un large couloir baissier et ne parvient pas à trouver un plancher sérieux pour tenter à minima une stabilisation. Il semble un peu hasardeux, en dépit de la lourde chute d'anticiper dès à présent un rebond alors que nous n'avons encore signe sérieux d'inversion de tendance, cela pourrait conduire à trop anticiper.
Principaux défis du groupe : redresser la demande américaine et chinoise, contenir l’impact des effets de change et des droits de douane, et justifier la premiumisation alors que les volumes stagnent ou reculent.
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