Soitec et les taux négatifs

Il n'est pas le seul (à voir les banquiers lui faire visite avec un bouquet de propositions de prêts de toutes les couleurs) mais nous supposons qu'il va guider l'entreprise qu'il dirige encore plus haut et plus loin.Qu'il va garder des vues saines de la progression des technologies et du développement des applications qui ouvrent de larges champs de progrés aux industriels qui sont ses clients.

A l'autre bout de l'échelle le plus simple client d'une banque (pourvu qu'il ait un revenu sans aucun risque) se voit proposer presque tous les jours d'acheter de nouveaux véhicules et de nouveaux smartphones. Malheureusement ceux-ci sont proposés derrière le banquier par des gens qui ne comprennent rien de la 5G ou qui ne comprennent pas grand chose aux technologies actuelles du moteur électrique, de la pile à hydrogène ou du moteur diesel qui sera encore longtemps attelé à la propulsion des navires marchands.

La question du financement des investissements a bien changé depuis la dernière AK de 2016.

Les taux d'emprunt à échéance industrielle (5 à 10 ans) auprès des banques sont devenus négatifs pour un industriel qui peut mettre sur la table un carnet de commande bien rempli. Et normalement, cette configuration est impossible, au sens de la théorie financière. Emprunter c'est "acheter du temps", et "acheter" c'est nécessairement coûteux, pas rémunérateur.

D'ailleurs, pendant tout le Moyen-Age, on n'avait pas le droit de "vendre du temps", qui n'appartient qu'à l'Eternel, ce qui expédiait ipso facto les banquiers en enfer. Et explique pourquoi les banques, dans les pays musulmans, encore aujourd'hui, ne peuvent contracter de prêts, les obligeant à trouver des astuces pour faire leur métier de base.

La situation, bien que fondamentalement confortable pour Soitec, et pour toutes les entreprises saines, aux carnets de commande bien remplis, présente néanmoins un risque fondamental. Ce risque c'est la tentation de surinvestir, notamment dans des projets, des marchés, des produits, des recherches non rentables à terme. Et qui ne rendent donc pas à la fin l'argent qui y a été dépensé. Car même dans un prêt rémunéré, il faut quand même restituer la quasi-totalité du capital.

Mais bon, ca doit être agréable pour Boudre de voir les banquiers se succéder dans son bureau pour lui proposer les millions dont il a besoin.