(ABC Bourse) - Malgré leurs diplômes, les jeunes de la promo 2024 affrontent un marché de l'emploi saturé et exigeant. Entre candidatures à répétition et concessions sur leurs ambitions, ils témoignent d'une morosité inédite.

C’est un paradoxe qui commence à devenir une norme : les jeunes les plus diplômés ne sont pas épargnés par les turbulences du marché de l’emploi. Alors que les intentions d’embauche des cadres continuent de reculer en 2025, les diplômés bac +5 de la promotion 2024 peinent à faire valoir leurs qualifications. Une étude de l’Apec, publiée ce mardi, met en lumière les obstacles que ces nouveaux entrants rencontrent, et les chiffres donnent le ton.
Désormais, seuls 16 % des jeunes diplômés estiment que leur recherche d’emploi a été facile. Une majorité écrasante de 84 % qualifie au contraire cette première étape comme étant "assez ou très difficile". À titre de comparaison, ils étaient encore 39 % à juger cette période facile en 2022. Une dégringolade brutale qui traduit l’état du marché actuel.
Plus diplômés, mais plus vulnérables
Les candidats fraîchement diplômés multiplient les démarches. En 2024, 57 % d’entre eux ont envoyé plus de 30 candidatures, contre seulement 31 % deux ans plus tôt. Ce changement radical reflète une réalité : il faut frapper beaucoup plus fort et plus souvent pour espérer obtenir une réponse.
Le constat n’étonne pas Gilles Gateau, directeur général de l’Apec. "C'est même un grand classique, rappelle-t-il. Quand le marché du travail se dégrade, les jeunes en subissent les conséquences en premier. Quand il se reprend, ils en profitent d'abord."
La patience est désormais une qualité indispensable : 38 % des diplômés de la promotion 2024 ont mis six mois ou plus pour décrocher un premier contrat. Ils n’étaient que 18 % dans ce cas pour la promo 2022. Cette attente prolongée pousse certains à revoir leurs priorités, quitte à faire des compromis sur leurs attentes initiales.
Un marché saturé, des ambitions à revoir
Malgré les difficultés, les jeunes diplômés cherchent à sécuriser leur avenir. Huit sur dix visaient un CDI ou un poste dans la fonction publique, et une large majorité tenait à obtenir le statut cadre. Pourtant, beaucoup ont dû revoir leur copie. Ils étaient ainsi 71 % à accepter un emploi sans télétravail, 70 % à envisager un contrat autre qu’un CDI, 59 % à abaisser leurs prétentions salariales et 56 % à envisager un déménagement.
Ce pragmatisme, selon l’Apec, conduit une partie d’entre eux à occuper des postes alimentaires. Un sur quatre décrit son emploi actuel comme tel, une hausse de 7 points par rapport à 2022. La désillusion ne s’arrête pas là : 24 % évoquent un management insatisfaisant, et 21 % une surcharge de travail.
Et l’avenir ne s’annonce pas plus radieux. En 2025, les recrutements de jeunes cadres devraient encore chuter de 16 %, après un repli de 19 % en 2024. Les services juridiques, informatiques, comptables et de conseil ferment peu à peu leurs portes aux débutants. Résultat : "Pour les jeunes diplômés cherchant un emploi en 2025, le manque d'opportunités d'emploi se double d'une concurrence exacerbée par les candidats sans emploi - ou en emploi et aspirant à un poste plus intéressant - issus des promotions précédentes."
Face à cette impasse, près de la moitié des diplômés interrogés envisage de quitter leur entreprise actuelle dans les deux ans. Pire encore, 17 % pensent déjà à une reconversion. Pour Gilles Gateau, ce chiffre reste "un signal faible intéressant", bien qu’il souligne une forme d’instabilité dès le premier emploi. Seule lueur d’optimisme dans cet horizon chargé : un diplômé sur deux se voit, malgré tout, accéder rapidement à des fonctions managériales.
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