Alexis Kohler nommé DG adjoint de la Société Générale après huit ans à l'Élysée
Actualité publiée le 28/03/25 09:21
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Il a régné huit ans dans l’ombre du pouvoir. Alexis Kohler, souvent surnommé le "vice-président", quitte l’Élysée. Son arrivée au sommet de la Société Générale, annoncée officiellement ce vendredi 28 mars 2025, marque une rupture symbolique dans la présidence Macron. Discret mais central, il était le pilier invisible de l’appareil élyséen depuis 2017.
À partir de juin, il occupera le poste de directeur général adjoint au sein du groupe bancaire, dont il présidera la branche investissement. Il prendra également en charge les opérations de fusions-acquisitions, les marchés de capitaux actions, et siègera au comité exécutif de la banque. Une reconversion spectaculaire, validée par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, et saluée par le patron du groupe, Slawomir Krupa, qui s’est réjoui d’accueillir "son talent, sa grande expérience et son engagement exceptionnel".
Un départ stratégique orchestré en coulisses
La nouvelle, dans les tuyaux depuis plusieurs semaines, a été confirmée après l’officialisation du départ d’Alexis Kohler le jeudi 27 mars. Emmanuel Macron a salué "son énergie, son talent et sa force de travail hors pair", dans une déclaration au Figaro. Le président perd plus qu’un collaborateur : il perd son alter ego politique, son compagnon de route depuis Bercy, et un artisan discret mais essentiel de son pouvoir.
Cette transition s’inscrit dans un contexte de restructuration profonde chez Société Générale, engagée dans un vaste plan d’économies et de transformation interne. Kohler ne sera pas un simple exécutif bancaire. Il jouera un rôle-clé dans l’accompagnement stratégique du groupe, et supervisera aussi la DRH, la communication et le secrétariat général. Une prise de choix pour le groupe de La Défense, qui cherche à se réinventer après un remaniement managérial mené en 2024 par Krupa.
La fin d’un tandem au sommet de l’État
En huit années à l’Élysée, Kohler a imposé un style : invisible dans les médias, omniprésent dans les décisions. Il est le seul secrétaire général à avoir accompli un mandat présidentiel complet, et son influence a été souvent comparée à celle de Jean-Louis Bianco sous Mitterrand. Un record de longévité qui témoigne de la place centrale qu’il occupait.
Âgé de 52 ans, diplômé de Sciences Po, de l’Essec et de l’ENA, il a d’abord été directeur de cabinet de Pierre Moscovici, puis d’Emmanuel Macron au ministère de l’Économie, avant de le suivre à l’Élysée dès 2017.
Il sera remplacé le 14 avril par Emmanuel Moulin, ancien directeur du Trésor et ex-directeur de cabinet de Gabriel Attal à Matignon. Ce changement parachève un cycle, et en ouvre un nouveau, tant pour la présidence que pour la gouvernance du groupe bancaire.
Si la nomination a reçu l’aval de la Haute Autorité, c’est qu’elle suscitait aussi des interrogations sur les risques de conflits d’intérêts, après les enquêtes passées sur des soupçons de prise illégale d’intérêts. La Cour d’appel de Paris a d’ailleurs validé en 2024 la poursuite de la procédure, un dossier toujours en cours.
Cette nouvelle fonction pourrait être un tremplin vers une direction générale future. Une source ministérielle citée par Les Échos estime qu’avec "ce niveau de responsabilité au sein de l’État, il ne peut s’agir que d’un poste qui lui permette de rebondir ensuite comme directeur général".