ASML investit 1,3 milliard dans Mistral, la France tient sa première décacorne
Actualité publiée le 09/09/25 08:48
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Mistral AI frappe un grand coup. Avec une levée record de 1,7 milliard d’euros, la start-up tricolore atteint une valorisation stratosphérique et signe un partenariat stratégique avec le géant néerlandais ASML. Une alliance européenne taillée pour rivaliser avec les titans de l’intelligence artificielle.
Mistral AI entre dans le cercle très fermé des décacornes
Personne n’a vu venir la fusée Mistral. À peine deux ans après sa création, la jeune pousse française décroche le statut de première décacorne tricolore, en atteignant une valorisation de 14 milliards de dollars. L’annonce est tombée ce mardi : Mistral AI boucle une levée de fonds exceptionnelle de 1,7 milliard d’euros, dont 1,3 milliard injectés par ASML, le champion européen des semi-conducteurs. Une information confirmée par Reuters.
Le trio fondateur – Arthur Mensch, Guillaume Lample et Timothée Lacroix – conserve la majorité du capital. Parmi les autres investisseurs de cette série C, on retrouve de grands noms du capital-risque et de la tech mondiale, à commencer par DST Global, le fonds du milliardaire Yuri Milner, Andreessen Horowitz, Bpifrance, General Catalyst, Index Ventures, Lightspeed et Nvidia.
Un pacte stratégique au cœur de l’industrie européenne
ASML n’a pas simplement sorti le chéquier : le groupe néerlandais devient actionnaire à hauteur de 11 % de Mistral et décroche un siège au conseil de surveillance de la start-up. "C'est aujourd'hui le premier actionnaire après chacun des fondateurs, qui contrôlent encore très majoritairement la société", précise Arthur Mensch aux Échos.
Cette prise de participation s’accompagne d’un partenariat industriel de cinq ans pour intégrer les modèles d’IA de Mistral aux produits d’ASML. Objectif affiché : "sortir l'intelligence artificielle des laboratoires et l'appliquer aux technologies les plus avancées". Une équipe dédiée d’ingénieurs sera ainsi détachée chez ASML, acteur clé dans la fabrication de puces, pour créer des solutions sur mesure.
Ce mouvement s’inscrit dans une stratégie plus large pour Mistral, qui mise sur un modèle "terrain" : "Travailler sur le terrain avec nos clients pour spécialiser nos modèles et les rendre utiles pour accélérer le progrès technologique".
Une licorne au galop vers l’indépendance
Forte de 350 salariés et d’un partenariat déjà en place avec CMA-CGM, la pépite parisienne revendique désormais un revenu annuel récurrent de 300 millions d’euros et 1,4 milliard d’euros de commandes en cours. Elle collabore déjà avec 50 % des entreprises du CAC 40, notamment dans l’industrie, et voit la demande exploser pour ses services cloud, stimulée par sa collaboration avec Nvidia annoncée à VivaTech en juin. "Nous sommes en train de brancher les serveurs", glisse Arthur Mensch.
Cette alliance avec ASML est également hautement symbolique. Trop souvent, les pépites européennes doivent traverser l’Atlantique pour lever des fonds. Cette fois, deux champions du Vieux Continent s’unissent. "Évidemment, c'est une belle histoire car nous sommes deux sociétés européennes. Mais nous sommes surtout deux entreprises championnes dans leur domaine".
En embuscade, certains géants américains avaient flairé le potentiel. Une rumeur cet été évoquait Apple comme possible acquéreur. Arthur Mensch se veut clair : "Nous avons reçu beaucoup de sollicitations d'entreprises américaines ces deux dernières années. Mais notre chemin, c'est un chemin vers l'indépendance, qui passe par cette nouvelle levée".
L’avenir ? Mistral vient d’ouvrir un deuxième bureau à New York, après Palo Alto, et réalise déjà 20 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis. Une expansion contrôlée, sous pavillon européen.