Carrefour dans le collimateur du fonds activiste Whitelight Capital pour son modèle de franchise
Actualité publiée le 10/03/25 17:09
Cours | Graphes | News | Forum |
Carrefour pris dans la tempête. Son modèle de franchise, pourtant au cœur de sa stratégie depuis plusieurs années, est désormais sous le feu des critiques. Le fonds activiste Whitelight Capital, connu pour ses prises de position tranchées, vient d’ouvrir un front en dénonçant les tensions croissantes entre le distributeur et ses franchisés. En parallèle, l’Association des Franchisés de Carrefour (AFC) ne cache plus son exaspération et prépare même son émancipation. Retour sur une crise qui pourrait bien redessiner l’avenir du groupe.
Pourquoi Whitelight Capital attaque-t-il Carrefour ?
Derrière cette fronde se cache une stratégie financière qui ne fait pas l’unanimité. Depuis son arrivée à la tête de Carrefour en 2017, Alexandre Bompard a fait de la franchise un axe clé pour réduire les coûts et alléger la structure du groupe. Résultat : près de 90 % des magasins Carrefour sont aujourd’hui franchisés.
Mais cette franchisation massive pose problème. Dans une note publiée lundi, Whitelight Capital tire la sonnette d’alarme :
- Une dépendance risquée aux franchisés : Carrefour ne contrôle plus directement une grande partie de son réseau, ce qui fragilise son modèle économique.
- Des conflits récurrents : L’AFC, qui représente 260 franchisés, accuse Carrefour d’imposer des conditions commerciales injustes.
- Un risque financier sous-estimé : Le fonds estime que Carrefour ne provisionne pas suffisamment pour les litiges en cours, alors que des amendes lourdes pourraient tomber.
Un front judiciaire qui inquiète
Le bras de fer entre Carrefour et ses franchisés se joue aussi sur le terrain judiciaire. L’AFC a engagé une procédure contre le distributeur devant le tribunal de commerce de Rennes. En cause, plusieurs clauses jugées abusives dans les contrats de franchise.
Le ministère de l’Économie a d’ailleurs pris position en faveur des franchisés et réclame une amende de 200 millions d’euros contre Carrefour. Une sanction qui pourrait lourdement impacter le groupe.
La rébellion des franchisés : l’ombre du "Projet X"
Face au silence de la direction de Carrefour, certains franchisés ont décidé d’agir. Un mouvement de fronde s’organise sous l’appellation "Projet X", une initiative secrète visant à contourner l’approvisionnement imposé par Carrefour.
Selon Whitelight Capital, plusieurs magasins ont déjà commencé à acheter une partie de leurs produits auprès d’un fournisseur tiers, menaçant ainsi le modèle économique du distributeur. Si cette alternative venait à se généraliser, Carrefour pourrait perdre jusqu’à 200 millions d’euros de chiffre d’affaires sur trois ans.
Whitelight Capital veut peser dans la balance
Kévin Romanteau, fondateur du fonds activiste, ne cache pas ses ambitions. Son objectif ? Obtenir un siège au conseil d’administration de Carrefour pour influencer la stratégie du groupe.
Bien que le fonds refuse de préciser la part exacte de ses actions dans le capital de Carrefour, il affirme vouloir augmenter sa position et rassembler d’autres investisseurs autour de sa vision.
D’ailleurs, Romanteau souligne avoir déjà échangé avec d’anciens cadres de Carrefour, laissant entendre que des tensions existent aussi au sein du groupe.
Quelle réponse de Carrefour ?
Jusqu’ici, la direction du groupe reste silencieuse face à cette offensive. Aucune déclaration officielle n’a été faite concernant les accusations de Whitelight Capital ou le conflit avec les franchisés.
Toutefois, Carrefour minimise l’impact de cette crise, rappelant que seulement 4 % de ses franchisés contestent le modèle actuel. De plus, le distributeur met en avant son attractivité auprès des entrepreneurs, affirmant avoir reçu 6 000 candidatures pour ouvrir des franchises en 2024.
Mais ces arguments suffiront-ils à calmer la tempête ? Avec une audience cruciale prévue le 5 juin 2025, le dossier Carrefour pourrait bien prendre une tournure encore plus explosive.