Carrefour : Vers une vente ou des cessions pour maximiser la valorisation

Carrefour, géant français de la grande distribution, envisage des options ambitieuses pour augmenter sa valorisation boursière. Selon des informations révélées par l'agence Bloomberg, le groupe explore diverses pistes allant des acquisitions stratégiques aux cessions d'actifs et même une vente partielle ou totale. Les discussions en interne, bien qu'à un stade précoce, montrent une détermination à réorganiser l’entreprise afin d’en optimiser la valeur.

Des options stratégiques en évaluation

Carrefour, qui compte environ 15 000 magasins répartis dans plus de 40 pays (majoritairement en franchise ou location-gérance), aurait sollicité des conseillers pour évaluer ces différentes alternatives, selon des sources proches du dossier. Ces options incluent :

- La vente d'actifs stratégiques, possiblement ciblée sur des marchés spécifiques comme le Brésil ou certaines régions européennes.

- Des acquisitions et partenariats pour stimuler la croissance dans un secteur extrêmement concurrentiel, dominé en France par E.Leclerc.

- Une réorganisation opérationnelle visant à renforcer l’efficacité de l’entreprise et son positionnement sur le marché mondial.

Ces mesures visent à augmenter une valorisation actuellement estimée à 10 milliards d’euros, bien que l’action Carrefour ait chuté de 10 % depuis le début de l'année et de près de 30 % par rapport à son pic de 2022.

La vente de Carrefour : une option qui fait débat

Un des scénarios les plus marquants serait une vente de Carrefour, partielle ou totale, si un acquéreur se manifestait. Cette hypothèse intéresserait aussi bien des fonds de capital-investissement que des acteurs de la distribution internationale. Les spéculations sont toutefois teintées de prudence, car aucune discussion formelle n’est actuellement en cours. Carrefour pourrait également décider de conserver son indépendance tout en poursuivant ses efforts de compétitivité, entamés avec l’acquisition des enseignes Cora et Match plus tôt cette année.

Un contexte de discussions infructueuses et de précédents échecs

Les options stratégiques actuellement à l’étude interviennent dans un contexte où Carrefour a déjà exploré d’autres voies de consolidation, sans succès. En 2021, des discussions avancées avec le groupe canadien Alimentation Couche-Tard ont été stoppées net par un veto du gouvernement français, qui voyait dans cette acquisition une menace pour la souveraineté économique nationale. Des pourparlers avec Auchan et Casino avaient également échoué en 2018.

Malgré ces tentatives avortées, Carrefour a su capitaliser sur certaines acquisitions récentes, notamment celle des magasins Cora et Match au groupe belge Louis Delhaize, permettant au distributeur de gagner deux points de parts de marché et de renforcer son réseau en France. Ces mouvements ont contribué à une légère hausse de 1,5 % du chiffre d’affaires au troisième trimestre 2024, atteignant 23,9 milliards d'euros, malgré un repli de 3 % sur les ventes comparables en France.

Une dynamique de valorisation malgré un marché difficile

Pour l’heure, Carrefour reste confronté à des défis majeurs, notamment sur le marché européen, où les ventes ont reculé de 1,5 % en raison de la conjoncture économique morose. En Amérique latine, cependant, le groupe a enregistré une progression impressionnante de 36,4 % malgré des taux de change défavorables. Le groupe estime avoir atteint son meilleur niveau de compétitivité depuis 2020, un résultat lié à ses récents investissements et à sa politique d'optimisation de ses opérations.

Des décisions stratégiques qui interpellent les actionnaires

Toute potentielle transaction nécessiterait l’aval des principaux actionnaires de Carrefour, dont la famille Moulin, premier investisseur du groupe et propriétaire des Galeries Lafayette. Si une vente totale venait à être envisagée, elle pourrait déclencher des débats politiques, notamment autour de la préservation de l’emploi et de la souveraineté économique, éléments sensibles dans le contexte actuel de la distribution en France.

Carrefour, sous la direction d’Alexandre Bompard, reste donc à la croisée des chemins, jonglant entre de nouvelles acquisitions, des restructurations internes et la possibilité d’un avenir sous l’aile d’un nouvel acquéreur.