Casino transfère 27 Monop' à Zouari, déjà à la tête de 115 Franprix

Un nouveau chapitre s’ouvre pour Casino, et cette fois, c’est Moez-Alexandre Zouari qui tient la plume. Le groupe de distribution, encore convalescent après une période de turbulences financières, a annoncé le 29 avril le transfert de 27 magasins Monop’, situés à Paris et en Île-de-France, vers une nouvelle structure de franchise partagée avec la famille Zouari. Une opération stratégique au timing précis, révélée le jour même de la publication des résultats trimestriels, eux aussi marqués par une baisse d'activité.

Ce changement de gouvernance, qui concerne les magasins de proximité sous bannière Monop’, s’inscrit dans une stratégie plus large de redressement du groupe baptisée Renouveau 2028. Casino espère ainsi insuffler une nouvelle dynamique à son réseau urbain, sans alourdir ses charges. L’opération est toutefois suspendue à la consultation des représentants du personnel et à l’autorisation des autorités de la concurrence.

Pourquoi Casino fait appel à Moez-Alexandre Zouari ?

Philippe Palazzi, directeur général de Casino et président de Monoprix, a résumé l’enjeu : « Nous avons comme projet le passage de ces magasins en franchise au sein de la joint-venture commune à Monoprix et à la Famille Zouari. » Si le nom de Moez-Alexandre Zouari parle au secteur, c’est que son influence n’a cessé de croître. Le discret entrepreneur est déjà un acteur majeur de la distribution avec 115 magasins Franprix et 15 Monop’ exploités en franchise.

Loin d’en être à son coup d’essai, Zouari possède également les enseignes Picard (surgelés), Maxi Bazar (bazars) et Stokomani (déstockage), témoignant d’une stratégie d’expansion multisecteurs. Cette nouvelle alliance avec Monoprix vient renforcer un lien historique entre les deux parties. Elle prévoit aussi la rénovation complète des magasins concernés, modernisés selon les derniers standards Monop’.

Pour Casino, l’enjeu est de taille : maintenir une présence forte sur le segment de la proximité urbaine tout en limitant les investissements directs. Le groupe assure que cette évolution n’entraînera aucune suppression de postes, un point décisif pour éviter un nouveau front social. « Cette opération s’inscrit dans la stratégie de Monoprix de renforcer la dynamique commerciale de son réseau et d’accélérer son développement en s’appuyant sur un partenaire historique », peut-on lire dans le communiqué officiel.

Des chiffres qui illustrent la stratégie de sauvetage

En parallèle de cette annonce, Casino a dévoilé des résultats en baisse pour le premier trimestre 2025 : le chiffre d’affaires s’établit à 2 milliards d’euros, en recul de 5 % sur un an. Ce repli s’explique notamment par la sortie de 466 points de vente. En données comparables, la baisse est plus contenue : -1,2 %, contre -3,8 % l’année précédente à la même période.

Philippe Palazzi s’est voulu rassurant : « Ça fait 12 mois que nous sommes aux commandes de Casino. Nous sommes optimistes pour la suite. Il y a un avenir pour le groupe en France », a-t-il affirmé, tout en rappelant que la part de marché nationale de l’enseigne oscille entre 2,8 et 3,2 %.

Le passage en franchise de ces Monop’ doit donc être vu comme un geste de recentrage. Un geste préparé et réfléchi, loin des tentatives précipitées de cession que le groupe a connues par le passé. Surtout, il renforce la position déjà dominante de Moez-Alexandre Zouari dans le paysage de la distribution urbaine. Pour rappel, l’homme d’affaires avait tenté en 2023, avec Xavier Niel et Matthieu Pigasse, de racheter l’ensemble du groupe Casino… sans succès. C’est finalement le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky qui a pris les commandes en mars dernier, soutenu par Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds Attestor.

Une manœuvre tactique au cœur du plan "Renouveau 2028"

Le plan baptisé « Renouveau 2028 » vise à remettre Casino sur les rails via une série de décisions tactiques : cessions ciblées, recentrage sur la proximité, allégement de la dette. Et surtout, un recentrage sur ce que le groupe considère désormais comme ses actifs les plus stratégiques. Dans cette logique, confier la gestion de 27 Monop’ à un acteur aguerri comme Zouari permet de garantir performance, tout en réduisant les coûts fixes.

Ce partenariat permet aussi à Casino de ne pas supporter seul les coûts de rénovation, estimés à plusieurs millions d’euros. Une bouffée d’air pour un groupe qui doit continuer à faire des économies sans se couper de ses clients urbains.