Dassault Systèmes décroche de 16 % en Bourse après une publication jugée inquiétante

Résultats en deçà des attentes, prévisions sabrées, divisions fragilisées… Dassault Systèmes s'effondre en Bourse après avoir dévoilé un troisième trimestre jugé très décevant.

Le réveil a été brutal pour Dassault Systèmes ce jeudi 23 octobre. L’action du géant français du logiciel a plongé de plus de 16 %, enregistrant la plus forte baisse du CAC 40. En cause : des résultats trimestriels bien inférieurs aux attentes des analystes et une révision à la baisse de ses ambitions de croissance pour l’année à venir.

Le groupe a annoncé une croissance de 5 % hors effets de changes pour le troisième trimestre, atteignant 1,46 milliard d’euros. Un chiffre en recul de 3 % par rapport au consensus des analystes, qui tablaient sur 1,51 milliard. Ce sont surtout les ventes de licences, désormais minoritaires dans le modèle de revenus de l'entreprise, qui ont créé la surprise en chutant de 13 %, alors que Dassault visait une progression comprise entre 7 et 14 %.

Medidata et Centric PLM fragilisent la dynamique

Cette mauvaise passe n’épargne aucune division stratégique. Dans le secteur des sciences de la vie, Medidata, filiale dédiée aux logiciels pour les essais cliniques, inquiète une nouvelle fois les investisseurs. Barclays souligne que la société "a continué de faire face à des vents contraires en raison de la baisse des lancements d'études cliniques et l'entreprise n'a pas fourni le taux de croissance de l'activité".

Même constat du côté de Centric PLM, spécialisée dans les logiciels pour la mode et la distribution, dont la croissance déçoit également. Oddo BHF évoque une nouvelle source de préoccupation, jusque-là épargnée : "Il s'agit d'une nouvelle publication difficile pour Dassault Systèmes, de plus en plus pénalisé par Medidata et, fait nouveau, par Centric PLM, jusqu'alors moteur de croissance".

Bien que Centric ne pèse que 5 % du chiffre d’affaires global, ses récents changements inquiètent. "Centric ne représente que 5% du chiffre d'affaires du groupe, mais ses déclarations (passage au modèle de 'software as a service', changement de direction) pourraient inquiéter le marché", alerte le courtier.

Des prévisions de croissance drastiquement revues

Face à cette situation, Dassault Systèmes a revu ses prévisions pour l’exercice en cours. Le groupe vise désormais un chiffre d’affaires compris entre 6,255 et 6,375 milliards d’euros, contre une fourchette initiale de 6,41 à 6,51 milliards. La prévision de croissance hors effets de change est abaissée à 4 à 6 %, contre 6 à 8 % auparavant.

Les perspectives sur les ventes de licences sont encore plus sombres : de -8 à 0 %, alors qu’une croissance de 4 à 7 % était initialement anticipée. Pour le quatrième trimestre, Dassault avance une estimation à la fourchette extrêmement large, allant d’un recul de 3 % à une progression de 4 % sur le chiffre d’affaires, et de -13 % à +9 % sur les licences.

Le directeur général Pascal Daloz a reconnu que le contexte restait peu lisible, déclarant que le marché était toujours "instable et difficile".

Les réactions du marché ne se sont pas fait attendre. Invest Securities résume la situation sans détour : "Si la direction parvient à limiter l'impact (de la faible dynamique, NDLR) en termes de résultats grâce à la récurrence des revenus et l'optimisation des coûts, la dynamique de croissance, principal catalyseur boursier, n'est pas bonne".

Déjà en difficulté sur les marchés depuis le début de l’année, le titre Dassault Systèmes accentue ainsi sa sous-performance face au CAC 40, avec désormais une baisse de plus de 25 % sur l’année.

Un intermédiaire financier avait d’ailleurs prévenu dès cet été : "Le problème c'est que la société n'a pas une croissance assez forte - elle ne surperforme plus vraiment son marché - pour justifier son statut de valeur de croissance avec des multiples de valorisation exigeants".

"Globalement, cette publication reflète la difficulté rencontrée par Dassault Systèmes avec sa migration vers les abonnements, à la fois lente et difficile à anticiper", conclut Oddo BHF, résumant l’ensemble des inquiétudes du marché.