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Dette française, le taux à 10 ans dépasse désormais celui de l'Italie


Actualité publiée le 09/09/25 10:46

Imaginez que le mauvais élève de la zone euro devienne soudain l’exemple de rigueur… C’est aujourd’hui l’étrange retournement de situation entre la France et l’Italie sur les marchés de la dette publique.

Depuis mardi vers 9h30, la France s’endette à 3,48 % à dix ans, contre 3,47 % pour l’Italie, inversant une hiérarchie historique favorisant Paris. Ce croisement inédit reflète la défiance accrue des investisseurs à l’égard des perspectives françaises – instabilité politique, incapacité à réduire le déficit – tandis que Rome, après des efforts budgétaires salués, gagne en crédibilité.

François Bayrou, au lendemain de la chute de son gouvernement suite au vote de confiance qu’il-même déclenchait, symbolise ce désarroi politique, déjà sanctionné par les marchés. La perspective d’une alerte de l’agence Fitch, attendue après la clôture des marchés ce vendredi, vient renforcer cette pression.

Pourquoi la France emprunte plus cher que l’Italie

L’événement est d’autant plus marquant que, il y a quelques années, l’Italie prêtait largement plus cher que la France. En 2011–2012, il fallait jusqu’à 400 points de base supplémentaires pour emprunter à dix ans – soit 7 % pour Rome contre 3 % pour Paris. En août 2025, cet écart s’est réduit à moins de 5 points de base, du jamais-vu depuis 2005.

Ce retournement s’explique par plusieurs facteurs. Les marchés considèrent aujourd’hui l’Italie comme plus responsable, son déficit étant passé de près de 9 % du PIB en 2020 à 3,4 % en 2024, grâce à un effort budgétaire tangible marqué par la suppression progressive du revenu de citoyen et la réduction des dépenses publiques.

À l’inverse, la France apparaît paralysée politiquement et ses objectifs budgétaires sont jugés irréalistes : François Bayrou envisage de réduire le déficit de 44 milliards d’euros en 2026 pour le ramener à 4,6 % du PIB, puis à moins de 3 % en 2029, mais ces promesses sont perçues comme inatteignables. Pour l’économiste Christian de Boissieu, “les marchés sont impressionnés par l’ajustement du déficit public italien, et impressionnés en négatif par notre difficulté à réduire significativement le nôtre”. Philippe Crevel résume quant à lui : “c’est notre instabilité politique qui est sanctionnée”.

La tension pourrait encore s’accentuer : Fitch doit rendre son verdict vendredi 12 septembre. Une dégradation ferait fuir les investisseurs institutionnels, entraînant une nouvelle hausse des taux et alourdissant une charge de la dette déjà estimée à 62 milliards d’euros en 2025.

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