Elon Musk quitte le gouvernement Trump après 130 jours au DOGE
Actualité publiée le 28/05/25 12:24
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Tronçonneuse à la main, Elon Musk promettait 2000 milliards de dollars d’économies. Quatre mois plus tard, le milliardaire quitte ses fonctions sans fracas, abandonnant ses rêves d’austérité fédérale. Nommé à la tête du DOGE – le Département pour l’efficacité gouvernementale – par Donald Trump, le patron de Tesla et SpaceX tourne la page après 130 jours en poste.
Ce mercredi marque la fin de cette mission atypique, initialement taillée sur mesure pour l’iconoclaste entrepreneur. Et si Musk plie bagage aujourd’hui, ce n’est pas une coïncidence. En dépassant les 130 jours d’exercice, il aurait dû rendre des comptes au Congrès, avec à la clé une publication détaillée de ses résultats et un contrôle accru de ses actions. Des contraintes administratives qu’il préfère manifestement éviter.
Des ambitions monumentales, un bilan contesté
À son arrivée, Elon Musk annonçait fièrement vouloir réaliser 2000 milliards de dollars d’économies sur le budget fédéral. Un objectif revu à la baisse en quelques semaines, avant d’être estimé à 150 milliards de dollars à son départ. Une somme importante, mais très en-deçà des promesses initiales — et dont l’exactitude est déjà mise en doute par plusieurs médias américains.
En interne, le style Musk a marqué les esprits. Présenté comme un ovni politique, il multipliait les apparitions théâtrales, parfois armé d’une tronçonneuse symbolique pour "couper dans les dépenses inutiles". Mais derrière les effets de manche, l'efficacité réelle de ses réformes reste floue. "Je dois être très concentré sur X/xAI et Tesla, plus le lancement de Starship cette semaine", a-t-il expliqué sur X, précisant vouloir revenir à son mode de vie habituel, c’est-à-dire dormir dans des salles de serveurs ou d’usine.
Cette déclaration est intervenue après une panne majeure de X, son réseau social, survenue samedi entre 13h et 15h. Un incident qui a renforcé sa volonté de recentrer ses efforts sur ses sociétés. "La redondance de basculement aurait dû fonctionner, mais cela n’a pas été le cas", a-t-il regretté, en pointant les failles techniques à corriger.
Tensions croissantes avec Trump et critiques publiques
Depuis plusieurs semaines, l’éloignement entre Elon Musk et Donald Trump était palpable. Le 20 mai, Musk avait d’ailleurs annoncé ne consacrer plus qu’un ou deux jours par semaine à ses fonctions au sein du gouvernement. Son absence remarquée lors de plusieurs événements officiels et son silence sur certaines décisions présidentielles alimentaient déjà les rumeurs de départ.
Mais c’est une interview accordée à CBS Sunday Morning qui a officialisé la rupture. Elon Musk s’y est dit "déçu" par le "grand et beau projet de loi" porté par Trump — le « Big and Beautiful Bill ». Ce texte, encore à l’étude au Sénat, prévoit de prolonger les baisses d’impôts engagées sous le premier mandat. Une initiative jugée incohérente par Musk : "J’ai été déçu de voir le projet de loi sur les dépenses, franchement, qui augmente le déficit budgétaire au lieu de le réduire, et qui sape le travail accompli par l’équipe du DOGE".
Selon le Congressional Budget Office, ce projet augmenterait le déficit fédéral de 3800 milliards de dollars d’ici 2034. Une trajectoire budgétaire jugée incompatible avec les principes de rigueur défendus par Musk au sein du DOGE.
Les tensions avaient d’ailleurs commencé dès avril, lorsque le patron de SpaceX avait insulté Peter Navarro, l’architecte de la politique douanière de Trump, le qualifiant de "crétin". Une sortie qui avait mis le feu aux poudres entre les deux camps et rendu la cohabitation de plus en plus difficile.