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Engie: le sort de la directrice générale tranché jeudi


Actualité publiée le 06/02/20 18:22

Isabelle Kocher, directrice générale du groupe Engie, le 17 mai 2019 à Paris (AFP/Archives/ERIC PIERMONT)

La seule femme à la tête d'une entreprise du CAC 40 poussée vers la sortie: un conseil d'administration du géant de l'énergie Engie a décidé jeudi que la directrice générale Isabelle Kocher ne serait pas reconduite.

"Le conseil d'administration a considéré que l'approfondissement de la stratégie nécessitait un nouveau leadership. Il a décidé de ne pas proposer le renouvellement de ce mandat d'administrateur à l'occasion de la prochaine assemblée générale (en mai), ce qui mettra fin à ses fonctions de directrice générale", a indiqué le groupe dans un communiqué jeudi soir.

L'Etat a mis son veto à ce que le président du conseil d'administration Jean-Pierre Clamadieu, dont les relations avec Mme Kocher étaient dégradées, cumule les fonctions de DG, même temporairement.

Une direction générale sera donc mise en place à titre intérimaire, dans l'attente de la nomination d'un nouveau dirigeant qui sera recherché par M. Clamadieu.

"Je souhaite que le conseil d'administration trouve rapidement la future directrice générale ou le futur directeur général, qui aura pour mission de définir une stratégie industrielle claire et d'accélérer la transformation des activités du groupe", a affirmé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.


CAC 40 : présence des femmes dans les instances dirigeantes (AFP/Maryam EL HAMOUCHI)

Au départ de Mme Kocher, dont la date exacte reste imprécise, le pilotage opérationnel sera temporairement assuré par un trio de dirigeants: Paulo Almirante (directeur des opérations), Judith Hartmann (directrice financière) et Claire Waysand (secrétaire générale), qui sera directrice générale par intérim.

Un conseil extraordinaire avait été convoqué jeudi après-midi pour mettre fin au feuilleton qui déstabilise le géant de l'énergie depuis des mois et qui a pris une tournure politique depuis quelques jours.

Le départ prochain d'Isabelle Kocher ne constitue pas une surprise: elle faisait face à l'hostilité d'une majorité d'administrateurs et n'avait pas réussi à obtenir le soutien de l'Etat, actionnaire à près de 24%. Elle souffrait d'un "problème de confiance" avec le conseil, selon une source proche du dossier.

"Isabelle a conduit des réalisations très positives mais elle n'a pas réussi à démontrer qu'elle était la bonne personne pour approfondir la mise en oeuvre de cette transformation", a expliqué Jean-Pierre Clamadieu dans Les Echos.

Il a aussi répondu aux accusations de misogynie. "Il y a un réel sujet de diversité" mais "ma responsabilité première est vis-à-vis d'Engie", a-t-il assuré au quotidien économique.

- "politisation" -


La directrice-générale d'Engie, Isabelle Kocher, en 2018 à Paris (AFP/Archives/ERIC PIERMONT)

Le conseil a décidé qu'il était temps "d'engager une nouvelle étape de la transformation et d'approfondir la stratégie engagée pour faire d'Engie un leader de la transition énergétique", selon le communiqué.

"Le groupe doit simplifier son organisation, clarifier ses options stratégiques, et conforter son modèle de croissance dans le domaine des énergies renouvelables", poursuit-il.

Deux dossiers brûlants l'attendent aussi: le nucléaire en Belgique, où Engie est actif via sa filiale Electrabel, et la place du gaz en France, où le gouvernement veut une baisse de la consommation d'énergies fossiles en raison de l'urgence climatique.

L'avenir de Mme Kocher, minée par des rumeurs depuis des mois, avait pris une tournure politique depuis quelques jours.

"Je suis très motivée pour poursuivre ma mission", avait-elle encore déclaré il y a quelques jours en défendant son bilan dans le Journal du Dimanche. Elle avait reçu cette semaine le soutien public de personnalités politiques de tous horizons (Yannick Jadot, Xavier Bertrand, Anne Hidalgo, Cédric Villani...).

Mais ces sorties n'auront fait que précipiter sa chute, M. Clamadieu souhaitant accélérer le calendrier alors que le conseil d'administration n'aurait normalement dû statuer qu'à la fin février. L'Elysée s'est dit pour sa part "surpris de la politisation de l'affaire".

L'ex-GDF Suez est engagé dans une profonde transformation depuis des années, avec un accent mis sur la transition énergétique. Un cap qui ne devrait pas être fondamentalement remis en cause.

"La stratégie devrait se poursuivre vers le renouvelable, les services et les infrastructures dans le gaz", a estimé Xavier Regnard, analyste chez Bryan Garnier, interrogé par l'AFP.


La directrice-générale d'Engie, Isabelle Kocher, en compagnie du Président du groupe en mai 2019 à Paris (AFP/Archives/ERIC PIERMONT)

Isabelle Kocher a aussi ces derniers mois défendu son bilan financier, arguant que le virage stratégique avait permis de renouer avec la croissance.

Derrière son cas personnel se pose encore l'avenir de l'entreprise, au moment où l'Etat s'est donné la possibilité de baisser sa participation au capital dans le cadre de la loi Pacte. L'hypothèse d'une vente des infrastructures gazières a été évoquée mais démentie par Jean-Pierre Clamadieu.

Ce scénario avait affolé les syndicats alors que l'entreprise est déjà profondément déstabilisée par diverses rumeurs. "Il n'y a aucun projet de démantèlement d'Engie", a assuré Bruno Le Maire.

© 2020 AFP

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