Euronext se positionne pour racheter la Bourse d'Athènes, l'État grec soutient l'opération
Actualité publiée le 02/07/25 08:50
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L'opérateur boursier Euronext lorgne sur la Bourse d'Athènes, et il ne s'agit pas d'une simple rumeur. Mercredi 2 juillet, le groupe a confirmé des discussions en cours avec Hellenic Exchanges-Athens Stock Exchange (Athex), en vue d’une éventuelle acquisition totale de l'opérateur boursier grec. Cette déclaration officielle fait suite à des révélations parues dans la presse financière hellénique.
La proposition d’Euronext, bien que non contraignante, est claire : racheter jusqu’à 100 % des actions d’Athex via une offre publique d’échange (OPE). Autrement dit, les actionnaires grecs se verraient offrir des titres Euronext en échange de leurs actions. Une opération estimée à 399 millions d’euros, qui pourrait faire basculer Athènes dans le giron d’un acteur déjà omniprésent à Paris, Amsterdam, Milan ou encore Oslo.
Pourquoi Euronext s’intéresse au marché grec
L'intérêt d'Euronext pour la place financière d’Athènes ne doit rien au hasard. Le groupe, qui représente à lui seul environ 25 % des négociations boursières européennes, poursuit une stratégie offensive de consolidation des places financières du continent. Après avoir absorbé Milan en 2021, c’est désormais la Grèce qui est dans sa ligne de mire.
Selon Euronext, cette acquisition s'inscrit dans « l'ambition de consolider les marchés de capitaux européens ». Concrètement, cela permettrait à la Bourse d’Athènes et à ses sociétés cotées d’accéder à un réseau de plus de 1 800 entreprises, représentant une capitalisation combinée de plus de 6 000 milliards d’euros. Un levier considérable pour élargir l’audience des entreprises grecques sur les marchés internationaux.
Dans son communiqué, le groupe explique qu’« une combinaison potentielle permettrait aux acteurs des marchés financiers grecs de rejoindre un réseau plus vaste et plus liquide », avec à la clé une meilleure visibilité et plus d’opportunités d’investissements étrangers.
Comment Athènes réagit à cette offre inattendue
Du côté grec, la surprise est bien réelle. Athex a confirmé avoir reçu une offre "non sollicitée, non contraignante et hautement conditionnelle", sans avoir pour autant engagé de négociations concrètes. Son conseil d'administration analyse actuellement la proposition « d’un point de vue stratégique et financier », précisant qu’il y répondra « en temps voulu ».
Mais l’écho est tout autre au sommet de l’État. Le ministère grec des Finances a rapidement salué l’initiative, estimant qu’il s’agit d’un signal positif pour le pays. « Une éventuelle acquisition de la Bourse d'Athènes par Euronext constituerait un véritable vote de confiance envers la stabilité et le dynamisme de l'économie grecque », a-t-il déclaré dans un communiqué officiel. Le ministère y voit également une opportunité de renforcer l'intégration de la Grèce dans l’espace financier européen.
Avant de formuler une offre formelle, Euronext doit encore réaliser une due diligence, soit une série d’audits et de vérifications juridiques et financières approfondies. Ce passage obligé permettra à l’opérateur paneuropéen de valider la faisabilité de l’opération et de poser les bases d’un éventuel accord définitif.
Quels enjeux pour le paysage boursier européen
Si l’opération aboutit, elle confirmerait une dynamique de centralisation croissante du pouvoir boursier en Europe. Avec Athènes, Euronext ajouterait une nouvelle pierre à son édifice paneuropéen, qui comprend déjà sept grandes places financières. Ce mouvement stratégique est suivi de près par les investisseurs, mais aussi par les régulateurs, attentifs aux équilibres de pouvoir et aux questions de souveraineté économique.
Pour les marchés grecs, l’enjeu est de taille. Intégrer Euronext signifierait un accès facilité à des capitaux européens, des outils technologiques plus performants, et une exposition accrue pour les entreprises cotées à l’international. À court terme, cela pourrait stimuler la confiance des investisseurs, à condition que les conditions de l’échange soient jugées équitables.
En parallèle, cette potentielle fusion pose des questions sur l’indépendance financière de la Bourse d’Athènes et la place de la Grèce dans les grandes décisions stratégiques futures du groupe. Pour l’heure, rien n’est joué. Mais le jeu est clairement lancé.