Fitch abaisse la note de la France: la dette sous pression face à l'instabilité politique
Actualité publiée le 12/09/25 23:26
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Le paysage économique français est marqué par une dette publique en hausse constante, avec un déficit qui, malgré une légère réduction prévue cette année, reste le plus élevé de la zone euro. Le déficit devrait passer de 5,8 % à 5,4 % du PIB, mais la route vers une stabilisation à 3 % semble semée d'embûches. Cette situation économique précaire est exacerbée par une scène politique fragmentée, qui n'a pas réussi à produire une majorité claire au Parlement depuis l'échec de la dissolution en 2024. Deux Premiers ministres ont déjà échoué à aborder cette question cruciale, et le nouveau chef du gouvernement, Sébastien Lecornu, doit maintenant affronter ce que beaucoup appellent un « Himalaya budgétaire ».
Malgré quelques signaux macro-économiques positifs, tels qu'une croissance légèrement supérieure aux prévisions, les blocages politiques continuent de compromettre les perspectives de redressement budgétaire. Selon les simulations de Natixis, la dette publique française pourrait continuer d'augmenter jusqu'en 2030, dépassant potentiellement 120 % du PIB. La seule échappatoire serait un choc de croissance positif, un scénario auquel les experts ne croient pas à court terme.
Dans ce contexte, les investisseurs ont déjà commencé à ajuster leur perception de la dette française. Bien que la note officielle soit toujours élevée, les marchés perçoivent la France à un niveau de risque comparable à des notations inférieures. Le coût de financement de la dette française est désormais similaire à celui de pays comme l'Espagne et le Portugal, notés « A- », et même l'Italie, notée « BBB+ », bénéficie de conditions de financement comparables.
Les implications de cette dégradation sont multiples. À court terme, la réaction des marchés obligataires a été modérée, la dette française étant encore considérée comme de bonne qualité. Cependant, sur le long terme, l'évolution négative de la perception du risque pourrait entraîner une augmentation des coûts d'emprunt pour l'État français, limitant ainsi sa capacité d'investissement. Les charges d'intérêt sur la dette devraient s'alourdir, approchant les 67 milliards d'euros cette année et dépassant potentiellement 100 milliards d'ici 2029.
Face à cette situation, le gouvernement de Sébastien Lecornu est sous pression pour trouver des solutions viables à la crise budgétaire. La décision de Fitch pourrait servir d'électrochoc, incitant l'exécutif à s'engager résolument dans des réformes malgré l'absence de majorité parlementaire. La capacité de l'État à honorer ses engagements financiers sans compromettre la confiance des marchés deviendra un enjeu crucial dans les années à venir.