Iliad dépasse les 10 milliards d'euros de CA en 2024 et franchit les 50 millions d'abonnés

« On avait un cap, on l’a franchi. » Ce mardi 25 mars, le groupe de télécommunications Iliad, maison mère de Free, a officialisé un chiffre d’affaires record de 10,02 milliards d’euros en 2024, marquant une progression annuelle de 8,5 %. En pleine guerre des prix sur les marchés télécoms, l’opérateur piloté par Xavier Niel confirme ainsi ses ambitions, tout en annonçant un rebond net de sa rentabilité.

Avec 367 millions d’euros de bénéfice net, en hausse de 15,5 %, Iliad se remet partiellement de la chute subie en 2023, bien que ce niveau reste encore loin de celui de 2022. Mais c’est surtout sur le terrain du développement européen que le groupe muscle son jeu : plus de 50 millions d’abonnés répartis entre la France, l’Italie et la Pologne, avec une croissance solide sur chacun de ses marchés.

Une performance tirée par la France, mais pas seulement

La France reste le pilier central du groupe, représentant deux tiers de son activité totale. En 2024, Free a encore dominé le marché des recrutements, séduisant 668 000 nouveaux abonnés, dont 513 000 sur le mobile. Résultat : 15,51 millions de clients mobile et 7,56 millions de box actives dans l’Hexagone. Et malgré une fin d’année plus terne — seulement 50 000 nouveaux clients mobiles au dernier trimestre —, l’opérateur parvient à augmenter son revenu mensuel moyen : 37 € sur le fixe (+3,7 %) et 12,3 € sur le mobile (+1,7 %).

Mais Iliad ne se repose plus uniquement sur son fief français. En Italie, les revenus ont progressé de 8 %, et en Pologne de 9,7 %, grâce à des gains de parts de marché mais aussi à un effet de change favorable.

Rentabilité en nette progression malgré la pression concurrentielle

Dans un climat commercial tendu, où Bouygues Telecom et SFR multiplient les offensives, Iliad a su préserver ses marges. Son Ebitdaal, indicateur phare de rentabilité, grimpe de 11,8 %, atteignant 3,85 milliards d’euros. Sa marge opérationnelle s’établit désormais à 38,4 %, en progression de 1,1 point. Quant au flux de trésorerie opérationnel, il bondit de 28 % à 1,83 milliard d’euros.

Le directeur général Thomas Reynaud insiste sur la « discipline rigoureuse » qui a permis d’absorber les coûts croissants, notamment ceux des contenus sur lesquels Free mise pour renforcer l’attractivité de ses offres.

Une ambition européenne de plus en plus affirmée

Le cap des 50,52 millions d’abonnés franchi fin 2024 ne doit rien au hasard. Depuis 2018, avec l’entrée sur le marché italien via Iliad Italia, puis en 2020 en Pologne avec Play et UPC, le groupe construit patiemment une présence continentale solide.

Et l’année 2025 pourrait encore faire bouger les lignes. Iliad étudie une fusion de sa filiale italienne avec TIM (Telecom Italia), ce qui pourrait profondément rebattre les cartes. Interrogé sur ce point, Thomas Reynaud est resté prudent : « J’ai une seule certitude, c’est que nous sommes plus que jamais déterminés à être un acteur du marché italien, dans la durée. »

Derrière Iliad, c’est l’ensemble de la galaxie NJJ, le holding de Xavier Niel, qui avance : Irlande (Eir), Suisse (Salt), Suède (Tele2)… voire Ukraine, où le milliardaire a récemment mobilisé un prêt de 435 millions de dollars pour renforcer les infrastructures, sans impliquer Iliad pour l’instant.

Une bataille féroce à venir sur le marché français

Si l’année 2024 a été celle de la consolidation, 2025 s’annonce plus offensive. Free devra faire face à la contre-attaque de Bouygues Telecom, déterminé à rattraper son retard, quitte à assigner Free en justice pour son usage du terme Wi-Fi 7 dans la communication de la Freebox Ultra. SFR, de son côté, semble prêt à repartir à l’assaut, après avoir redressé sa dette.

Autre élément de tension : l’extinction progressive de l’ADSL, alors que 75 % des abonnés français sont désormais raccordés à la fibre. Un changement technique qui pourrait redistribuer les cartes du fixe… et profiter aux opérateurs les plus agiles.