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L'ex leader du régime Weight Watchers dépose le bilan et voit son action plonger de 40 % à Wall Street


Actualité publiée le 08/05/25 09:10

Fondé en 1963, l'ex-leader mondial des programmes minceur n'a pas résisté à la déferlante des médicaments anti-obésité. Confronté à une dette colossale et à un modèle d'affaires en perte de vitesse, le groupe américain Weight Watchers, désormais WW International, a officiellement demandé à se placer sous la protection de la loi sur les faillites.

L’annonce a fait l’effet d’un choc sur les marchés. Ce mercredi 7 mai, l’action WW International s’est effondrée de plus de 40 % à la Bourse de New York, dans la foulée de sa déclaration de mise en faillite. Le groupe a confirmé avoir trouvé un accord avec plus de 72 % de ses créanciers pour une « réorganisation financière » qui doit permettre de réduire sa dette de 1,15 milliard à 465 millions de dollars. Une décision que la PDG Tara Comonte qualifie de « premier pas crucial pour réinitialiser la structure du capital ».

Le virage manqué face aux médicaments minceur

Si l'entreprise assure que ses services continueront d’être accessibles à ses clients, ce dépôt de bilan met en lumière une réalité plus brutale : Weight Watchers ne parvient plus à suivre le rythme d’un marché radicalement transformé. L’explosion de la demande pour les traitements médicamenteux contre l’obésité, comme Ozempic et Wegovy (produits par le laboratoire danois Novo Nordisk) ou encore Zepbound (d’Eli Lilly), a bousculé en profondeur les habitudes de consommation et relégué les régimes classiques au second plan.

Pour tenter de reprendre la main, WW a annoncé fin avril un partenariat avec Gifthealth, société spécialisée dans la distribution de médicaments, afin de faciliter l’accès de ses membres au Zepbound. Un virage stratégique qui arrive toutefois bien tard, alors que le chiffre d’affaires du groupe a chuté de 9,7 % en un an, tombant à 186,6 millions de dollars au premier trimestre 2025.

Un modèle à bout de souffle et des figures qui s’en vont

Au sommet de sa popularité, Weight Watchers comptait des millions de fidèles, séduits par un accompagnement communautaire et une méthode progressive de perte de poids. Mais aujourd’hui, la société ne totalise plus que 3,4 millions de membres à travers le monde, selon ses derniers chiffres arrêtés fin mars. Et si la perte nette a été réduite à 72,6 millions de dollars contre 347,9 millions un an plus tôt, la dynamique globale reste profondément négative.

Autre coup dur pour la marque : le départ d’Oprah Winfrey du conseil d’administration, en février 2024. Figure emblématique du programme et actionnaire de référence depuis près d’une décennie, la star américaine avait fortement contribué à redorer l’image de WW et à attirer une nouvelle clientèle. Son retrait symbolise l’érosion du capital de confiance de l’entreprise.

Une dette restructurée mais un avenir incertain

En déposant son dossier auprès du tribunal des faillites du Delaware, Weight Watchers espère surtout gagner du temps. L’objectif : réduire ses intérêts annuels de moitié (environ 50 millions de dollars) et maintenir son inscription au NYSE, la Bourse de New York. Le plan de restructuration pourrait être validé d’ici quarante jours, selon les procédures habituelles.

Reste que cette procédure de Chapter 11, très encadrée aux États-Unis, ne garantit en rien un retour à la rentabilité. Face à une concurrence technologique et pharmaceutique féroce, le défi pour WW sera de réinventer entièrement son modèle, tout en capitalisant sur sa notoriété historique. Une tâche ardue, dans un secteur de la santé en pleine mutation.

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