L'investisseur qui avait prédit la crise des subprimes parie 1,1 milliard de dollars contre l'IA
Actualité publiée le 07/11/25 17:46
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L’homme qui avait prévu la crise des subprimes refait parler de lui. Michael Burry vient de miser 1,1 milliard de dollars sur la chute de deux géants de l’intelligence artificielle, persuadé que la bulle est sur le point d’éclater.
Depuis son coup de maître en 2007, chaque geste de Michael Burry est scruté par Wall Street. L’investisseur américain, immortalisé par le film « The Big Short », a cette fois misé plus d’un milliard de dollars contre deux symboles de la révolution technologique actuelle : Nvidia et Palantir.
Selon les documents réglementaires publiés lundi, son fonds Scion Asset Management a acquis des « put options », ces contrats qui rapportent lorsque la valeur d’une entreprise chute. En clair, Burry parie que les deux mastodontes de l’intelligence artificielle sont surévalués, comme l’étaient les titres immobiliers avant la crise des subprimes.
Un pari risqué face à deux géants en pleine ascension
Le pari intrigue, voire déroute. Fin octobre, Nvidia est devenue la première société à dépasser les 5 000 milliards de dollars de capitalisation boursière, tandis que Palantir annonçait une hausse de 63 % de son chiffre d’affaires sur un an. Pourtant, Burry a misé 187,6 millions de dollars sur la chute de Nvidia et 912 millions sur celle de Palantir.
Sur le réseau X, il a posté un message énigmatique accompagné d’une photo de son personnage incarné par Christian Bale dans le film à succès. "Parfois, on observe des bulles. Parfois, il est possible d’agir. Parfois, la seule stratégie gagnante est de ne pas jouer", a-t-il écrit lundi, avant de publier plusieurs graphiques soulignant son pessimisme sur le marché de l’IA.
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Du côté des entreprises visées, la réaction ne s’est pas fait attendre. Le patron de Palantir, Alex Karp, a répondu sur CNBC : "Les deux entreprises qu’il vend à découvert sont celles qui gagnent le plus d’argent, ce qui est vraiment étrange". Il a même qualifié de "complètement fous" ceux qui parient contre sa société.
Les premiers signes d’une "fatigue de l’IA" sur les marchés
Le pari de Michael Burry intervient alors que certains investisseurs commencent à douter de la solidité de l’euphorie liée à l’intelligence artificielle. Mardi, le Nasdaq a chuté de 1,5 % à l’ouverture, et le S&P 500 a perdu près de 1 %. Pour John Plassard, responsable de la stratégie d’investissement chez Cité Gestion Private Bank, un début de "fatigue de l’IA" s’installe chez les investisseurs malgré la multiplication des mégadeals dans le secteur, comme le contrat de 38 milliards de dollars signé entre OpenAI et Amazon.
Ipek Ozkardeskaya, analyste senior chez Swissquote, nuance : ces alliances offrent certes "un moment de gloire" aux géants du secteur, mais "certains sceptiques continuent à froncer les sourcils, préoccupés par la circularité de ces accords".
D’autres voix vont plus loin. Daniel Bustamante, fondateur de Bustamante Capital Management, estime que "tous les ingrédients sont réunis pour déclencher une crise majeure : il suffit d’une étincelle pour que la situation dégénère".
Enfin, dans une note relayée par Fortune, la Deutsche Bank constate un "nombre croissant d’observateurs (qui) se demandent si nous ne sommes pas au bord d’une correction boursière". Un avertissement qui résonne étrangement avec la vision sombre de Michael Burry.