Michelin : la montée en gamme amortit la baisse des ventes en 2024
Actualité publiée le 13/02/25 09:02
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Le géant du pneumatique Michelin a vu ses résultats financiers reculer en 2024, impacté par des conditions de marché plus dures que prévu. Malgré une baisse du chiffre d’affaires de 4,1%, à 27,2 milliards d’euros, et un résultat net en recul de 4,7%, le groupe a su limiter l’impact grâce à une montée en gamme stratégique.
Des volumes en baisse, mais une résilience affichée
Michelin a subi une chute de 5,1% des volumes de ventes, une baisse généralisée qui touche tous ses segments : voitures neuves, poids lourds et pneus de spécialité (notamment pour les mines). Cette simultanéité du déclin est inédite selon Florent Menegaux, président du groupe, qui a souligné la difficulté d’adaptation à ce contexte.
Malgré cette pression sur les volumes, le groupe a su maintenir une relative stabilité de sa marge opérationnelle, qui s’établit à 12,4% en 2024, contre 12,6% en 2023. Une dégradation limitée qui témoigne de la capacité de Michelin à ajuster sa stratégie.
La montée en gamme : un pari gagnant
Face à cette contraction du marché, Michelin a misé sur un levier essentiel : la montée en gamme. L’augmentation des ventes de pneus de 18 pouces et plus, principalement destinés aux SUV, a joué un rôle clé dans la stabilisation des résultats. Ce segment continue de croître à un rythme de 5% par an et a permis au groupe de compenser une partie de la baisse des volumes.
De plus, la baisse des coûts des matières premières a également allégé la pression sur la rentabilité, apportant un soutien supplémentaire aux marges.
Restructurations : un coup d’arrêt temporaire en Europe
L’année 2024 a aussi été marquée par des restructurations majeures, notamment en France, avec des réductions d’effectifs à Cholet et Vannes. Au total, 1.254 suppressions de postes ont été annoncées, s’ajoutant aux près de 3.000 postes supprimés aux États-Unis et en Allemagne en 2023. En deux ans, Michelin a réduit ses effectifs de 3% et sa capacité de production de 6 à 7%.
Cependant, Florent Menegaux a assuré que le groupe avait « fait le gros du travail de réajustement industriel en Europe » et qu’aucune nouvelle restructuration majeure n’était prévue à court terme. Néanmoins, il n’exclut pas de nouvelles adaptations si le marché l’exige.
Perspectives 2025 : prudence et ambition mesurée
Pour 2025, Michelin anticipe une légère reprise du marché des pneumatiques, bien que le premier semestre reste fragile avec une demande en baisse sur le segment des voitures neuves.
Le groupe vise une progression de son résultat opérationnel à taux de change constants et une génération de cash-flow libre avant acquisitions supérieure à 1,7 milliard d’euros. Cela reste en retrait par rapport aux 2,22 milliards d’euros de 2024, mais traduit une approche prudente dans un environnement incertain.
Les effets limités des politiques protectionnistes de Trump
Les annonces de Donald Trump sur une possible hausse des droits de douane aux États-Unis ne devraient pas impacter significativement Michelin. En effet, 70% des pneus vendus aux États-Unis sont déjà produits localement. Le groupe pourrait accélérer ses investissements sur place, mais sans modification structurelle de sa stratégie industrielle.
Michelin, qui emploie 23.500 personnes en Amérique du Nord dans 35 usines, estime que son empreinte industrielle est déjà optimisée pour faire face aux éventuelles turbulences commerciales.