Natixis et Generali créent un géant européen, 1 900 milliards d'euros d'actifs gérés

1 900 milliards d’euros d’actifs sous gestion et une ambition claire de rivaliser avec les leaders mondiaux : c’est la promesse de l’accord signé entre Natixis IM et Generali. Une alliance stratégique entre le gestionnaire d’actifs français et le numéro un italien de l’assurance a été officialisée ce mardi 21 janvier, visant à créer un champion européen de la gestion d’actifs.

Une fusion au sommet

L’accord entre Natixis IM, filiale du groupe BPCE, et Generali Investments Holding, repose sur un partenariat équilibré. Les deux groupes détiendront chacun 50 % de la nouvelle entité. Philippe Donnet, directeur général de Generali, a salué un projet qui « met en synergie les forces des deux entreprises ». Nicolas Namias, président du directoire de BPCE, présidera le conseil d’administration, tandis que Donnet occupera le poste de vice-président. Woody Bradford, actuellement directeur général de Generali Investments Holding, prendra les rênes de la nouvelle entreprise en tant que directeur général.

Cette coentreprise combine les 1 300 milliards d’euros d’encours de Natixis IM et les 630 milliards d’euros de Generali. Avec un total de 1 900 milliards d’euros sous gestion, elle talonne Amundi, le leader européen avec 2 192 milliards d’euros d’actifs, et devient le premier gestionnaire en termes de revenus, estimés à 4,1 milliards d’euros.

Des synergies financières prometteuses

Les économies d’échelle espérées atteindraient 200 millions d’euros par an, selon les déclarations des dirigeants. « Cette union permettra à nos équipes de proposer des solutions compétitives sur un marché où la taille est un facteur clé de succès », a précisé Nicolas Namias lors d’une conférence téléphonique.

Cette fusion s’inscrit dans un contexte où la gestion d’actifs est en pleine transformation. Les banques européennes cherchent à rivaliser avec des géants américains comme BlackRock, JP Morgan ou Goldman Sachs, dont les actifs dépassent souvent les 10 000 milliards de dollars.

Une gouvernance équilibrée et un ancrage européen

Le modèle de gouvernance met l’accent sur l’équilibre. Tandis que Nicolas Namias dirigera le conseil d’administration, Philippe Setbon, directeur général de Natixis IM, occupera le rôle de directeur général adjoint. Les fondateurs insistent sur le maintien d’un fort ancrage local en France et en Italie, ainsi que sur une présence renforcée aux États-Unis.

Cependant, cette alliance ne fait pas l’unanimité. Deux grands actionnaires italiens, Francesco Gaetano Caltagirone et Delfin (holding de la famille Del Vecchio), craignent une perte de contrôle de l’épargne nationale. Ces investisseurs pourraient demander une assemblée générale extraordinaire pour réexaminer les termes de l’accord. Le gouvernement italien, via son « golden power », surveille également de près ce rapprochement.

Malgré les critiques, les dirigeants se veulent rassurants. « L’épargne italienne restera sous contrôle national », a affirmé Philippe Donnet, soulignant que les décisions stratégiques demeureront du ressort des compagnies d’assurance propriétaires des actifs. Pour Nicolas Namias, cet accord est une « étape essentielle vers la création d’un acteur mondial de premier plan ».