Nvidia, l'action qui fait trembler toute la tech avant ses résultats
Actualité publiée le 18/11/25 16:07
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Depuis quelques jours, les yeux de Wall Street sont rivés sur un seul nom : Nvidia. Le géant des semi-conducteurs, devenu en trois ans la valeur emblématique de l’intelligence artificielle grâce à l’explosion de la demande en puces IA, dévoile ses résultats trimestriels ce mercredi. L’enjeu dépasse largement le cadre d’une simple publication comptable : pour beaucoup, c’est tout l’édifice spéculatif bâti autour de l’IA qui se joue.
Le timing est tendu. Alors que ChatGPT fêtera bientôt ses trois ans, l’euphorie initiale autour de l’IA générative semble buter sur les premières limites économiques. Plusieurs poids lourds de l’investissement tech ont déjà vendu leurs parts dans Nvidia, et certains comme le fonds de Peter Thiel ou le patron de SoftBank, Masayoshi Son, ont totalement liquidé leur position. Ce dernier a toutefois réinjecté ses profits dans un pari majeur sur OpenAI. En parallèle, l’action Nvidia a perdu 7,9 % depuis début novembre, après une envolée de 1 200 % en trois ans. Le S&P 500, lui, recule de 2,5 % sur la même période.
"Avec chaque trimestre qui passe, les bénéfices de Nvidia deviennent plus déterminants afin de clarifier l'évolution de l'IA et l'ampleur des dépenses engagées", souligne Brian Stutland, directeur des investissements chez Equity Armor Investments.
Une croissance spectaculaire, mais sous pression
Les analystes attendent un chiffre d’affaires de 54,92 milliards de dollars pour le troisième trimestre, soit une hausse de 56 % par rapport à l’an dernier. Un score impressionnant, mais loin des croissances à trois chiffres enregistrées auparavant. Et surtout, Nvidia commence à ressentir la pression de son propre succès.
Alors que la production de ses puces ne suit pas toujours la cadence, l’entreprise mise sur des systèmes plus complexes intégrant processeurs graphiques, unités centrales, réseaux et solutions de refroidissement. Résultat : les marges s’effritent. Nvidia devrait annoncer une marge brute ajustée en recul de deux points, à 73,6 %.
Autre source d’inquiétude : les pratiques comptables évoquées par Michael Burry, célèbre pour avoir anticipé la crise des subprimes. Selon lui, des géants comme Microsoft, Google, Meta et Oracle étendent discrètement leurs calendriers d’amortissement des investissements IA pour lisser leurs résultats. Il estime que cette méthode pourrait sous-estimer de 176 milliards de dollars les amortissements réels sur la période 2026-2028.
Nvidia, baromètre ou illusion ?
Pour Neil Azous, gérant du fonds ETF Monopoly et actionnaire de Nvidia, le rôle de l’entreprise dépasse celui d’un simple acteur sectoriel. "Le vieil adage de Wall Street selon lequel 'une action ne fait pas un marché' serait incorrect ici", affirme-t-il. "Nvidia a la capacité de créer un marché".
L’entreprise peut en tout cas compter sur un carnet de commandes de 500 milliards de dollars jusqu’en 2026 pour ses semi-conducteurs haut de gamme, d’après son directeur général Jensen Huang. Mais un autre front reste sous surveillance : la Chine. Les restrictions américaines interdisent à Nvidia d’exporter ses puces les plus avancées vers Pékin. Interrogé à ce sujet, Jensen Huang a déclaré qu’il n’y avait "pas de discussions actives" sur une version adaptée des puces Blackwell.
Dans le même temps, Nvidia prépare aussi la montée en puissance de ses prochaines puces Rubin, tout en finalisant des investissements majeurs, comme une prise de participation de 5 milliards de dollars dans Intel et 100 milliards injectés dans l’écosystème d’OpenAI. Le groupe disposait fin juillet de 11,64 milliards de dollars de trésorerie.
Des chiffres massifs, des enjeux systémiques, et une seule publication qui pourrait faire trembler toute la tech.