OpenAI ne deviendra pas une société à but lucratif, annonce Sam Altman
Actualité publiée le 06/05/25 08:11
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Il y a quelques mois à peine, OpenAI semblait prêt à franchir un cap décisif : devenir une société à but lucratif. Mais ce 5 mai, coup de théâtre. Sam Altman, patron de la firme à l’origine de ChatGPT, a annoncé un renoncement total à ce projet. Une volte-face inattendue, qui reflète une pression grandissante de la société civile, et révèle des tensions internes jusque-là soigneusement étouffées.
L’entreprise californienne, qui s’était hissée au sommet de l’écosystème tech avec ses modèles d’intelligence artificielle générative, semblait en route pour ouvrir la porte aux investisseurs avides de rendements massifs. Mais face aux critiques croissantes, y compris celles de figures comme Elon Musk, OpenAI restera finalement fidèle à son statut initial : une organisation à but non lucratif. Et ce choix stratégique change beaucoup de choses, autant pour la tech mondiale que pour la gouvernance de l’IA.
Pourquoi OpenAI renonce à devenir une entreprise lucrative
Depuis l’automne 2023, les discussions sur un changement de statut juridique battaient leur plein chez OpenAI. Une partie des investisseurs poussait pour transformer l’organisation en société commerciale classique, capable de générer des bénéfices et de distribuer des dividendes. Objectif : monétiser davantage les avancées fulgurantes de ChatGPT, tout en attirant des capitaux massifs.
Mais ce scénario n’a jamais fait l’unanimité. En coulisses, des critiques ont fusé. Des ONG, des universitaires, et plusieurs responsables politiques ont fait entendre leur inquiétude : rendre OpenAI rentable revenait, selon eux, à mettre les intérêts financiers avant les garde-fous éthiques. La société civile redoutait une fuite en avant technologique sans régulation ni transparence.
« OpenAI n’est pas une entreprise normale et ne le sera jamais », a tranché Sam Altman dans un message interne publié le 5 mai. Il affirme avoir pris cette décision après des échanges « avec les bureaux des procureurs généraux de Californie et du Delaware » ainsi qu’avec des « leaders de la société civile ».
Une décision aux répercussions financières majeures
Ce revirement de cap pourrait refroidir certains investisseurs, notamment ceux qui avaient misé sur un retour sur investissement rapide. C’est le cas de SoftBank, géant japonais de l’investissement technologique, qui avait conditionné un apport de 30 milliards de dollars à un changement de statut juridique. Désormais, cette somme pourrait être revue à la baisse, à 20 milliards, selon les termes d’un document officiel.
La levée de fonds globale, annoncée fin mars et censée atteindre les 40 milliards de dollars, reste exceptionnelle. Mais elle devra désormais composer avec un cadre associatif plus contraint. L'entreprise reste dirigée par une fondation à but non lucratif, même si un "bras armé" commercial subsiste, sous la surveillance directe du conseil d’administration.
En maintenant cette architecture hybride, Sam Altman espère rassurer sur deux fronts : garantir un développement rapide des outils d’IA tout en conservant un encadrement rigoureux. « Cela nous permettra de donner à tous l’accès à une IA performante, dans un cadre sûr », promet-il.
Elon Musk, ex-cofondateur devenu critique virulent
Autre acteur clé de cette saga : Elon Musk. Cofondateur d’OpenAI en 2015 avec Sam Altman, il avait injecté 45 millions de dollars à la création. Mais trois ans plus tard, il claquait la porte, invoquant un possible conflit d’intérêts avec Tesla, sa propre entreprise, elle aussi centrée sur l’IA.
Depuis, les relations entre les deux hommes se sont largement détériorées. Musk a poursuivi OpenAI en justice et a tenté de racheter l’entreprise, sans succès. Altman lui a opposé une fin de non-recevoir nette : « OpenAI n’est pas à vendre. »
Cet épisode symbolise à lui seul les tensions entre ambitions industrielles et impératifs éthiques qui traversent aujourd’hui toute la filière technologique. À travers le cas OpenAI, c’est toute une génération d’entreprises IA qui devra arbitrer entre profit et responsabilité.