Rémy Cointreau : Chiffre d'affaires en chute de 19 % au T4, la Chine pèse lourdement sur les ventes

Le coup de froid venu de Chine a laissé des traces profondes. Au quatrième trimestre de son exercice décalé, Rémy Cointreau a vu ses ventes plonger de 19 %, une chute plus brutale que celle anticipée par les analystes. Le chiffre d'affaires s’est établi à 192,4 millions d’euros, contre une estimation moyenne de 197 millions. En ligne de mire : la division cognac, qui représente à elle seule 70 % des ventes du groupe.

Le producteur des marques Rémy Martin et Cointreau reste pourtant confiant. Sur l’ensemble de l’exercice 2024-2025, les revenus affichent un repli de 18 % en données organiques, soit 978,8 millions d’euros, un chiffre conforme aux attentes revues en janvier dernier. La direction, qui anticipe une année de transition, maintient son objectif de marge opérationnelle courante entre 21 % et 22 % grâce à un plan de réduction des coûts de plus de 50 millions d’euros.

Un recul plus brutal en Chine, un sursaut inattendu aux États-Unis

La division cognac, moteur historique du groupe, a particulièrement souffert. Ses ventes ont chuté de 32,8 % sur le trimestre, bien au-delà du recul de 29,9 % anticipé par le marché. En Chine, la dégringolade s’explique par une base de comparaison très élevée, un calendrier du Nouvel An chinois défavorable, ainsi que des perturbations dans les circuits hors taxes.

En revanche, la courbe s’inverse aux États-Unis, où les ventes repartent à la hausse. L’amélioration est en partie technique, liée à un effet de base favorable, mais également alimentée par une progression des ventes en gros vers les détaillants, malgré un contexte marqué par des taux d'intérêt élevés et une inflation persistante.

Réduction des coûts et changement à la tête du groupe

Face à cette volatilité, le groupe n’entend pas rester les bras croisés. Il s’est engagé dans une politique rigoureuse de contrôle des dépenses, avec un plan d’économies chiffré à plus de 50 millions d’euros. Cet effort vise à préserver les marges en attendant une reprise plus large, prévue dès l’exercice 2025-2026.

Autre tournant majeur : Éric Vallat, directeur général de Rémy Cointreau, quittera ses fonctions cet été. Ce changement de gouvernance intervient à un moment clé, alors que le groupe cherche à relancer sa croissance et à tenir sa feuille de route jusqu’en 2030, qui prévoit une croissance annuelle à un chiffre élevé et une amélioration continue de la rentabilité.

Malgré cette année 2024-2025 qualifiée de "transitionnelle", la direction reste fidèle à ses ambitions de long terme. Le groupe continue de miser sur une montée en gamme de ses spiritueux et sur un rééquilibrage géographique, pour mieux résister aux aléas douaniers sur ses deux principaux marchés, les États-Unis et la Chine.

Les prochains mois seront décisifs. Entre restructuration interne, défis géopolitiques et relance commerciale, Rémy Cointreau joue gros sur ses deux piliers historiques. Le rebond est attendu en 2025-2026, mais dépendra de la capacité du groupe à adapter ses recettes à un marché mondial plus imprévisible que jamais.