Renault cède 26 % de sa filiale au Brésil à Geely pour relancer sa production

Le virage de Renault en Amérique du Sud prend un nouveau tournant. Le constructeur français a officialisé un partenariat stratégique inédit avec le groupe chinois Geely, désormais actionnaire à 26,4 % de sa filiale brésilienne, Renault do Brasil. L’accord marque un rapprochement industriel majeur entre deux géants de l’automobile, dans une région où Renault cherche à accélérer sa croissance.

L’entrée de Geely dans le capital de Renault do Brasil s’accompagne d’une double ambition : optimiser les capacités industrielles de l’usine Ayrton Senna, au sud du pays, et permettre aux deux marques d’étendre leur influence commerciale. Le Brésil, qui a représenté à lui seul 40 % des ventes automobiles de Renault en Amérique latine au premier semestre 2025, devient ainsi un terrain de jeu stratégique pour le développement de nouvelles plateformes hybrides et électriques.

Un deal industriel à double effet

Ce nouvel accord entre Renault et Geely ne se limite pas à une simple transaction financière. "La transaction comprend un paiement en numéraire ainsi qu'un apport d'actifs", a détaillé Fabrice Cambolive, directeur général de la marque Renault, lors d’une conférence avec la presse. Le montant du rachat n’a pas été dévoilé, mais il ne prévoit pas de clause permettant à Geely de renforcer sa participation à l’avenir.

Ce partenariat ouvre surtout l’accès de Geely au complexe industriel Ayrton Senna de Renault à Sao José dos Pinhais, dans l’État du Parana. Une infrastructure sous-exploitée jusqu’ici, puisque le site ne tourne qu’à mi-régime. Selon Fabrice Cambolive, "qui tourne actuellement à 50% de ses capacités".

C’est sur ce site que seront produits, à terme, plusieurs modèles électriques ou hybrides. L’EX5, véhicule 100 % électrique signé Geely, sera par exemple commercialisé dans le réseau de concessions Renault do Brasil. En parallèle, Renault bénéficiera de la plateforme multi-énergies GEA de Geely pour élargir son offre sur le marché brésilien, dans un contexte où la transition énergétique devient un levier concurrentiel central.

Renault vise plus gros sur le marché brésilien

Renault n’en est pas à sa première opération avec Geely. En 2022, les deux groupes avaient déjà collaboré sur le marché sud-coréen, avec l’entrée de Geely au capital de Renault Korea Motors à hauteur de 34 %. L’année suivante, ils créaient ensemble la coentreprise mondiale Horse Powertrain, dédiée aux motorisations thermiques et hybrides.

Avec cette nouvelle alliance sud-américaine, Renault espère transformer l’essai. L’année dernière, la marque au losange a écoulé 139 214 véhicules au Brésil, en hausse de 10,3 % sur un an, grâce notamment au succès du Kardian. Elle détient actuellement une part de marché de 5,6 %, mais "Renault espère doubler sa part de marché dans le pays dans les cinq ans".

Une ambition réaliste, à en juger par le potentiel du marché brésilien et la complémentarité industrielle entre les deux groupes. Pour Renault, il ne s’agit pas simplement de céder une partie de son capital, mais bien de préparer une nouvelle phase d’expansion offensive sur le plus grand marché automobile d’Amérique latine.