Trois mois après avoir changé de PDG, Novo Nordisk chamboule son conseil d'administration

Le laboratoire pharmaceutique Novo Nordisk a annoncé ce mardi un remaniement sans précédent de sa gouvernance : plus de la moitié de son conseil d'administration, y compris son président, sera remplacée lors d’une Assemblée Générale Extraordinaire convoquée pour le 14 novembre. L’annonce survient seulement trois mois après un changement de direction à la tête du groupe, et dans la foulée d’un plan social mondial de 9 000 suppressions de postes.

À l’origine de ce bouleversement, un désaccord profond entre le conseil d’administration actuel et la Fondation Novo Nordisk, qui détient 77,1 % des droits de vote. "Le Conseil a conclu qu'il est dans le meilleur intérêt de l'entreprise et de ses actionnaires de convoquer une Assemblée Générale Extraordinaire afin d'élire de nouveaux membres pour clarifier la gouvernance future de Novo Nordisk", a déclaré Helge Lund, président sortant, dans un communiqué.

La Fondation reprend la main

Sur les 12 membres actuels, seuls cinq conservent leur siège. Lars Rebien Sørensen, ancien directeur général entre 2000 et 2016 et président actuel de la Fondation Novo Nordisk, prendra la tête du conseil d’administration. Il succèdera à Helge Lund, remplacé également à la vice-présidence par Cees de Jong, en lieu et place de Henrik Poulsen. Laurence Debroux, Andreas Fibig, Sylvie Grégoire, Christina Law et Martin Mackay quittent également l’instance dirigeante.

Le message de la Fondation est clair : reprendre le contrôle stratégique. Selon elle, la nomination de Lars Rebien Sørensen n’est pas appelée à durer. Elle précise qu’il sera président "pour une période limitée", avec pour mission de "identifier et nommer un nouveau président capable de diriger l'entreprise avec succès dans les années 2030".

Cette prise de contrôle intervient dans un contexte difficile. Après la chute de l’action en Bourse et la perte de parts de marché aux États-Unis, la Fondation avait déjà provoqué en mai le départ de l’ancien PDG Lars Fruergaard Jørgensen. Ce dernier a été remplacé en août par Maziar Mike Doustdar, qui a aussitôt gelé les recrutements avant de supprimer 9 000 postes dans le monde, dont 5 000 rien qu’au Danemark.

Une réponse à la pression du marché

La réorganisation vise à remettre Novo Nordisk sur les rails. Le groupe fait face à une concurrence accrue sur ses deux produits phares : l’Ozempic, antidiabétique, et le Wegovy, traitement contre l’obésité. Aux États-Unis, ces médicaments sont désormais concurrencés par les alternatives d’Eli Lilly, mais aussi par des préparations magistrales en pharmacie, autorisées temporairement en cas de rupture de stock.

Selon l’analyste de Sydbank, Søren Løntoft Hansen, ce remaniement était attendu. "La réalité pour Novo a changé radicalement au cours de l'année écoulée, et cela exige une réaction", a-t-il confié à l’agence Ritzau.

La Bourse a mal accueilli l’annonce. À Copenhague, le titre perdait 1,49 % mardi après-midi, dans un marché globalement en repli (-0,68 %).