Convergence assurance-réassurance, une tendance incontournable

Actualité publiée le 28/06/21 12:54

Les fusions de groupes d’assurance et de réassurance, qui représentaient déjà une tendance structurelle du secteur depuis plusieurs années, devraient encore s’accélérer dans les mois à venir en raison des conséquences de la crise sanitaire. C’est ce qu’estiment les auteurs d’une récente étude publiée par l’Institut Choiseul, et intitulée « L’avenir de la réassurance post-covid ».

La convergence assurance-réassurance « apparait comme une évidence industrielle » selon l’étude de l’Institut Choiseul, dont la note stratégique précise que « la superficie et la stabilité capitalistiques des métiers assurance offrent une complémentarité particulièrement efficace à la cyclicité et la volatilité des métiers de la réassurance ».

C’est au nom de cette complémentarité que les auteurs de l’étude, Olivier Pastré, professeur d’économie à l’Université de Paris-VIII, et François-Xavier Albouy, directeur de recherche de la Chaire « Transitions démographiques, Transitions économiques », mettent tout particulièrement en avant le modèle mutualiste, avec une « double caractéristique d’un horizon temporel de long-terme et d’une capacité d’accrétion de capital inégalée du fait de leur absence d’actionnaire exigeant un dividende annuel ».

Si la convergence assurance-réassurance est une tendance de fond sectorielle à l’œuvre depuis plusieurs années, comme en attestent les rapprochements opérés entre AIG et Validus, ou Sompo et Endurance, voire le positionnement de deux géants européens de la réassurance comme Munich Re et Hannover Re, la crise du Covid-19 devrait encore accélérer le mouvement dans les mois et les années à venir. Nul doute que la chronique économique et financière, qui s’était enflammée autour du rapprochement éventuel de Covea et Scor, n’a pas terminé de couvrir le sujet après

Selon l’étude de l’Institut Choiseul, la Covid-19 a « percuté de plein fouet tous les secteurs économiques, déjà désorientés par la digitalisation et la transition économique », et a accentué une nouvelle réalité économique internationale « où les risques extrêmes croissent et où le besoin de réassurance va de pair ».

Pour faire face à ce nouveau paradigme, les auteurs de l’Institut Choiseul préconisent de s’appuyer sur « deux éléments fongibles, indissociables » : le capital et le temps. « Le capital permet de survivre aux aléas et de se projeter dans le temps long. Le temps permet d’accumuler du capital et de remettre la volatilité à sa juste place, celle d’une écume », précisent les auteurs. D’où leur appel pour une convergence assurance-réassurance et la primauté accordée au modèle mutualiste, incarné avec succès selon eux par le rapprochement entre Talanx et Hannover Re.

Cette convergence représente un « enjeu de souveraineté », selon les économistes : « La France, à cet égard, représente une stratégie intermédiaire : elle bénéficie d’une compagnie (la SCOR) qui est devenue en très peu de temps une compagnie globale, et elle bénéficie aussi, comme actionnaire, d’une compagnie nationale (la CCR) qui, pour une partie de ses activités, jouit de la garantie de l’Etat. Elle présente un autre atout, celle d’un secteur mutualiste qui a besoin de réassurance et qui accumule des réserves ». Face aux risque de perdre le contrôle des données, de manquer de surface et de rapidité pour couvrir les catastrophes et de voir une partie des primes et de la sécurité sortir du territoire français, « les intérêts de l’économie française sont de disposer d’un secteur de réassurance solvable et animé par des acteurs pérennes qui facilitent la croissance des compagnies françaises et qui animent le marché en lui proposant des innovations technologiques ».

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