La guerre commerciale de Donald Trump n’en finit pas de tendre l’économie mondiale, et la France commence à en payer le prix. Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la croissance du PIB français pour 2025 ne dépasserait finalement pas 0,5 %. En parallèle, le taux de chômage remonterait à 7,9 % d’ici la fin de l’année, avec 110.000 destructions nettes d’emplois attendues.
Cette alerte ne tombe pas par hasard : elle précède de quelques jours la conférence des finances publiques du 15 avril, lors de laquelle le gouvernement devra revoir à la baisse ses ambitions, lui qui tablait encore sur une hausse de 0,9 % du PIB dans son budget. Et si le pire restait à venir ? Car les prévisions de l’OFCE ne prennent même pas en compte l’ensemble des sanctions commerciales américaines, mais seulement une hausse de 10 % des droits de douane. Or, Trump a promis d’aller jusqu’à 20 % sur certains produits européens.
Trump, le retour d’un chaos économique mondial ?
Ce n’est pas la première fois qu’un virage protectionniste américain chamboule les équilibres européens. Mais le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, avec une stratégie encore plus agressive, crée un climat économique fébrile. « Si les droits de douane américains augmentent plus fortement, la croissance sera plus basse », avertit Mathieu Plane, directeur adjoint à l’OFCE.
Ce qui inquiète le plus les économistes, ce n’est pas seulement la mesure en elle-même, mais l’incertitude généralisée qu’elle provoque. Incertitude sur la durée des sanctions, sur la réponse européenne, sur l’évolution des chaînes de valeur. « Ce ne sont pas les fondamentaux de l’économie française qui sont en cause, mais l’instabilité actuelle », précise Plane.
Pourquoi la politique budgétaire française n’aide pas
Paradoxalement, au moment où l’économie a besoin d’un soutien, le gouvernement serre la vis budgétaire. Pour contenir un déficit public estimé à plus de 5,5 % du PIB, la France s’impose un effort structurel de 0,9 point de PIB, soit environ 27 milliards d’euros. Résultat : ce plan budgétaire retire 0,4 point de croissance, selon l’OFCE.
La baisse des taux d’intérêt, seul rayon de soleil macroéconomique, devrait continuer à jouer un rôle modeste. En cause : un découplage persistant entre les taux courts et longs, qui limite l’effet positif sur l’investissement. Ce dernier, justement, reste morose, tout comme l’épargne des ménages, qui ne faiblit pas autant que l’exécutif l’aurait souhaité.
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Les perspectives pour 2026 ? Un léger mieux, si tout va bien. L’OFCE table sur une croissance de 1,1 %, portée par le réarmement français et allemand, ainsi que les plans de relance industriels de Berlin. Mais là encore, le chômage ne reculerait pas : 8,5 % de la population active sans emploi fin 2026, selon les projections actuelles.
À quoi faut-il s’attendre dans les mois à venir ?
L’effet Trump est déjà palpable sur les marchés européens, mais la suite dépendra fortement de la riposte européenne. Bruxelles pourrait décider de mesures de rétorsion, de soutien ciblé aux filières touchées, ou encore de réformes structurelles pour limiter la dépendance au marché américain. Mais rien n’est tranché pour l’instant.
Les prochaines semaines seront donc cruciales pour le gouvernement comme pour les ménages, qui devront naviguer entre prudence budgétaire et incertitudes géopolitiques. L’effet Trump ne fait que commencer.
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