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HLD Europe et l'enjeu souverain des levées fonds


Actualité publiée le 10/11/21 11:23

Le dernier baromètre EY capital-risque en France au S1, les levées de fonds des entreprises françaises, bien qu’en hausse, demeurent plus faibles qu’en Allemagne et au Royaume-Uni. Une situation qui pose un enjeu de souveraineté, comme l’ont illustré les levées de fonds, en dollars et non en euros, des pépites anciennement françaises Dataiku et Aircall. Dans le secteur du private equity, les investisseurs de long terme sont plus que jamais nécessaires, mais ils sont rares. Le fonds HLD Europe, qui a notamment investi dans les pépites technologiques Photonis et Rafaut, constitue un cas intéressant du secteur.

Au premier semestre 2021, selon le baromètre EY, les entreprises françaises ont levé, en capital-risque et capital-développement, 5,14 milliards d’euros – soit presque autant que les 5,39 milliards d’euros de l’ensemble de l’année 2020. Avec la perspective d’un atterrissage au-delà de 10 milliards d’euros pour l’année 2021, soit quatre fois plus que les 2,57 milliards d’euros levés quatre ans plus tôt en 2017, les levées de fonds des entreprises françaises progressent à un rythme proche de la loi de Moore, un doublement tous les dix-huit mois.

levées fonds startup

Un sous-investissement dans les startups françaises qui pose un enjeu de souveraineté

Sur les deux seules journées du 21 et du 22 septembre, trois entreprises françaises, Sorare, Mirali et Vestiaire Collective ont levées 1,23 milliards d’euros, démontrant ainsi, si besoin en était que les levées de fonds avaient définitivement changé de référentiel, étaient devenus une classe d’actifs à part entière.

L’élargissement de la focale aux autres pays européens, notamment à l’Allemagne et au Royaume-Uni, confirme et même amplifie ce changement de référentiel. Sur le premier semestre 2021, les entreprises allemandes font encore mieux, et même beaucoup mieux que les entreprises françaises, 7,83 milliards d’euros et +298 %. Quant au Royaume-Uni, bien que ne faisant plus partie de l’Union européenne, il n’est pas en reste, bien au contraire : 16,44 milliards d’euros, plus de trois fois la France, avec un taux de croissance de +243 %. Si l’on élargit à nouveau la focale, la progression est encore plus marquée. Sur un total de 250 milliards d’euros de fonds levés, les États-Unis en représentent plus de la moitié, 139 milliards d’euros contre 50 milliards d’euros pour l’Europe. Soit un poids relatif pour la France de 2 % du total mondial et de 10% du total européen.

La France souffre d’un déficit flagrant d’opérateurs capables d’accompagner et de porter une croissance sur la durée. Trop souvent le relais se passe mal entre le « venture » et le « growth », ou se passe bien mais avec des opérateurs étrangers. De fait une partie des fonds levés sous pavillon américain ou britannique ne résulte pas d’une création mais d’une captation de valeur, soit par le jeu d’un rachat d’une entreprise étrangère, et notamment française, soit par le jeu d’une cotation de cette entreprise sur un marché de type NASDAQ. Une absence de vision de long terme dans la croissance des pépites technologiques françaises qui pose donc un enjeu de souveraineté.

Seule des stratégies de long terme permettent de conserver les pépites technologiques : l’approche originale d’un fonds comme HLD

Les exemples manifestation de ce phénomène sont légion : menace de rachat de Photonis par un fonds américain en 2020, comptabilisation en dollars et non en euros des levées de fonds par les pépites anciennement françaises Dataiku et Aircall, aux États-Unis et non en France, pour un montant de 520 millions de dollars…

L’enjeu, pour la France et pour l’Europe, de conserver ses pépites technologiques et les emplois potentiels, repose donc sur des investisseurs capables de se projeter sur le long terme dans leurs stratégies d’investissement. Un fonds comme HLD Europe en est un bon exemple. Le business model du fonds créé par Jean-Bernard Lafonta en 2010 est fondé sur la règle du long terme. Parmi les pratiques distinctives d’HLD au sein des acteurs du private equity, réside par exemple la stratégie d’entrée et de sortie au capital des entreprises de son portfolio. Tandis que la moyenne sectorielle de sortie du capital est fixée en amont et tourne autour de trois à quatre ans, HLD ne fixe pas de contrainte de durée. Ce qui offre, selon le fondateur du fonds Jean-Bernard Lafonta, une marge de manœuvre supplémentaire pour le développement de long terme du portfolio d’HLD.

Une approche distinctive de taille dans le double contexte de forts besoins d’investissements dans les jeunes pousses émergentes, PME et ETI d’une part, et de compétition économique aigue entre États. Le récent exemple de la montée du fonds de capital-investissement généré par la CIA In-Q-Tel au capital de la startup française Prophesee, éditrice de rétines artificielles, est une nouvelle démonstration du rôle qu’entendent jouer les États dans l’économie pour défendre leurs intérêts stratégiques, et en particulier les États-Unis.

Une réalité qui avait fait grand bruit au moment de la possibilité de rachat de Photonis par l’américain Teledyne. Après que le rachat du constructeur français de lunettes de vision nocturne par Teledyne avait été bloqué par le Gouvernement, HLD Europe était entré au capital de l’entreprise pour un total de 370 millions d’euros. Une opération d’HLD Europe qui semble fructueuse : en mars 2021, Photonis faisait l’acquisition de DeviceALab, entreprise grenobloise spécialisée dans la conception d’équipements infrarouges.

Bien-sûr, HLD Europe n’est pas le seul acteur capable de projeter une vision de long terme dans ses stratégies d’investissement. Mais dans le secteur industriel, une telle approche est principalement portée par les fonds souverains, comme, en France, la Caisse des dépôts. Un manque qu’il sera important de combler pour permettre à la France et, de manière plus large, à l’Europe, de conserver leurs pépites technologiques et leurs emplois.

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