Immobilier Ile-de-France, 6 millions de m² de bureaux sont vides et peinent à trouver preneur

(ABC Bourse) - En Ile-de-France, la crise des bureaux vides atteint un niveau historique. Plus de 6 millions de mètres carrés peinent à trouver preneur, tandis que la demande ne cesse de s’éroder. 

Le chiffre donne le vertige : 6,126 millions de mètres carrés de bureaux étaient inoccupés fin septembre en Ile-de-France, selon Immostat. Soit une hausse de 17 % en un an. Cette vacance record n’est pas sans rappeler l’impact profond laissé par la crise sanitaire. "L'offre immédiate a plus que doublé depuis le Covid, où on était au-dessous des 3 millions de mètres carrés", a rappelé Pierre-Edouard Boudot, directeur exécutif chez CBRE.

Les zones les plus touchées ? La périphérie de La Défense et la première couronne nord, où les taux de vacance atteignent respectivement 31,8 % et 28,3 %, selon Colliers. À Saint-Denis ou Rueil-Malmaison, les immeubles peinent à séduire. Un véritable retournement de tendance alors que "c'est un vrai sujet pour le marché", selon Pierre-Edouard Boudot.

Pourquoi ces millions de mètres carrés restent désespérément vides

Trois phénomènes majeurs expliquent cette saturation. D’abord, la demande de bureaux , vente et location à l’occupant, s’effondre : seulement 1,193 million de m² ont été placés entre janvier et septembre, soit 8 % de moins qu’en 2024. Ensuite, le télétravail et les nouvelles organisations en flex office poussent les entreprises à réduire leurs besoins. Enfin, des programmes immobiliers massifs livrés ces dernières années viennent alourdir le stock.

Du côté des grandes entreprises, l’incertitude politique a joué un rôle crucial. "L'instabilité politique persistante en France génère une incertitude forte et une grande prudence des entreprises qui étudient finement l'ensemble des scénarios qui se présentent à elles quand elles décident d'entreprendre un projet immobilier", souligne Olivier Taupin, de Cushman & Wakefield. Une situation qui pourrait empirer avec les récents remous gouvernementaux. "Cela va générer encore plus d'attentisme du côté des entreprises et de frilosité du côté des investisseurs", craint Ludovic Delaisse, directeur général de Colliers.

Des mètres carrés obsolètes et difficiles à reconvertir

Fait nouveau : même le cœur de Paris commence à être touché. Le taux de vacance atteint désormais 5 % dans le quartier central des affaires, contre 2,4 % un an plus tôt, selon JLL. Si ce chiffre reste bas, il marque une évolution. "Cela est lié au fait qu'il y a eu beaucoup de production de bureaux ces dernières années", explique Ludovic Delaisse.

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Face à cette saturation, certains bâtiments ne retrouveront jamais d’occupants. "Près de la moitié des surfaces vacantes ne retrouveront pas preneur. Elles sont devenues obsolètes : trop grandes, mal situées ou inadaptées aux nouveaux usages", estime le directeur général de Colliers. Une partie pourrait être transformée en logements ou en locaux logistiques. Mais les obstacles sont nombreux : coût élevé des travaux, contraintes techniques, inertie administrative. "Le frein principal est aujourd'hui politique. Beaucoup de villes n'ont pas encore fait le deuil de l'occupation de bureaux et des recettes qui vont avec", observe Audrey Camus, directrice générale chez Icade.

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