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Inflation, pourquoi nous pensons qu'elle va remonter


Actualité publiée le 01/12/22 15:09

J’écris au quotidien sur la Bourse avec l’aide d’une analyste, auteur de nombreux livres sur les 20 dernières années. Nous avons dit aux lecteurs de nos écrits quotidiens de se placer sur le pétrole dès notre lancement, en mars 2021. À cette date, l’inflation n’avait pas encore décollé comme maintenant.

L’un des plus gros journaux en France disait, le même mois : "En réalité, les projections alarmistes tablant sur le retour d’une forte inflation incontrôlable en Europe ne convainquent pas grand monde."

La Banque centrale européenne et la Maison Blanche américaine chantaient le même refrain. L’inflation ? Ne vous faites pas de souci, disaient-ils.

Bien sûr, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis lors. À présent, les médias rapportent une inflation à plus de 6 % sur les 12 mois jusqu’à novembre. Elle atteint un niveau “stabilisation,” disent-ils. Bonne nouvelle !

Maintenant aussi, mon associée et moi sommes à contre-courant. Pour quelle raison ?

Tout d’abord, car selon nous, la cause de l’inflation, la même aux États-Unis, en France, ou au Japon, n’a rien à voir avec l’Ukraine. Ni même avec les soucis de redémarrage après les confinements.

En toute simplicité, la hausse des prix découle de l’augmentation de la quantité d’argent en circulation dans le système. Nous en parlons souvent depuis 18 mois.

En France par exemple, les déficits ont dépassé ou approché des 200 milliards d’euros les deux dernières années. Elle ne va pas baisser de beaucoup en 2022.

Le gouvernement l’a déjà annoncé dans ses prévisions. Le déficit devrait atteindre entre 170 et 180 milliards d’euros. Cet argent sert à recouvrir un grand nombre de déboires sur l’économie, l’industrie, et les ménages au fil des dernières années.

Le déficit injecte plus d’argent dans l’économie, et force la Banque centrale européenne à venir à la rescousse des obligations publiques.

Or, le déficit devrait rester élevé aussi longtemps que le gouvernement va maintenir en place les subventions des énergies (les plafonnements de prix).

Pas de normalisation dans l’énergie

Aujourd’hui, le pétrole et le gaz ont baissé par rapport aux extrêmes de l’été, quand le gaz atteignait 346 euros le MWh au contrat d’Amsterdam (contre 36 euros 12 mois auparavant), et le pétrole dépassait 120 $ le baril de Brent (contre moins de 75 $ à la même période de 2021).

Néanmoins, le répit dépend beaucoup d’une manne vouée à disparaître : le blocage de la demande chinoise par les confinements.

Selon les estimations que nous avons vues, l’impact des restrictions chinoises est aussi important maintenant qu’il l’était en avril de cette année, lorsque la ville de Shanghaï (avec une population de 26 millions) était sous confinement.

En pratique, cela réduit de beaucoup la demande chinoise pour le pétrole. Des analystes cités par Reuters ont récemment réduit leurs attentes pour les importations chinoises des centaines de milliers de barils par jour, au moins jusqu'à la fin de l’année. Grâce au blocage du plus gros importateur de pétrole au monde, les prix de l’énergie ont baissé par rapport à l’été.

Vous vous rappellerez cependant que la même chose a eu lieu ici, suite aux restrictions sur l’activité de 2020. Le prix du baril a même chuté dans le négatif sur une brève période (voir graphique de la part des autorités américaines).

prix pétrole US

Le prix du gaz naturel a fait une chute du même genre. Mais à la réouverture, le traumatisme du manque de demande a cédé à un manque d’offre sur le marché.

Les prix pour les énergies ont sauté au plafond par la suite. À l’heure où j’écris, le 30 novembre 2022, le prix moyen de l’électricité sur le marché européen est de 393 euros le MWh, et de 457 euros le MWh pour les heures de pointe, selon l’Epex. En comparaison, avant 2019, le courant coûtait en général autour de 60 euros le MWh.

En somme, malgré l’optimisme des dirigeants, les directives sur le remplissage des réserves, et les sacrifices de l’industrie (qui représente le gros des économies d’électricité pour le moment, selon le groupe RTE), le bloc n’a pas résolu les soucis des énergies. Le prix du courant et le prix du gaz ont repris le chemin de la hausse après une baisse depuis deux mois.

La sortie de l’économie chinoise sous le joug des confinements, ce qui va arriver, peut-être au printemps, va rajouter de la tension sur le marché de l’énergie.

En conséquence, la subvention de l’électricité des ménages et entreprises, ainsi que les chèques énergie et ristournes à la pompe vont continuer. Les déficits grimperont.

Ce n’est pas seulement la France. En Allemagne, les autorités ont annoncé 200 milliards d’euros d’aides à l’économie au nom de la cherté de l’énergie. D’autres réclament un fonds européen d’aides et de subventions. Certains veulent des plafonnements de prix, ou encore des taxes sur les producteurs d’énergies, qui risquent d’empirer la situation car ils dissuadent les producteurs et importateurs de mettre davantage d’énergies à disposition.

Vous l’ignorez peut-être, mais les producteurs hésitent à renouer avec la cadence d’avant 2020. Les sociétés pétrolières américaines produisent en ce moment environ 1 million de barils de pétrole par jour en moins qu’en 2019.

Production pétrole US

Par ailleurs, les investissements dans les gisements pétroliers ont chuté. Le graphique ci-dessous vous montre les investissements annuels d’Exxon - plus grosse pétrolière du monde - dans la production. Vous verrez que les chiffres ont baissé de milliards de dollars depuis 2019.

Cours bourse Exxon

En somme, les soucis dans l’énergie n’ont pas cessé de créer des problèmes, et les pays européens n’ont pas tourné le cap sur les déficits. La création d’argent continue donc à aller de l’avant. L’inflation va peut-être cesser de grimper un temps, voire baisser un mois ou deux. Cependant, la tendance, d’après nous, reste à la hausse pour encore longtemps.

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