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Investisseurs ou financeurs ? Le vrai besoin des sociétés cotées


Actualité publiée le 22/12/23 10:46

finance

Les entreprises délaissées par les acteurs traditionnels de la finance ont besoin de solutions alternatives leur permettant de poursuivre leur activité. Elles cherchent des partenaires qui se concentrent sur leur viabilité à long terme et leur plus-value pour l’économie réelle. Alpha Blue Ocean a compris ce besoin.

Financeur plutôt qu’investisseur ? Plus qu’une simple question sémantique, la différence réside dans la manière d’appréhender l’investissement. Être aux côtés des entreprises accompagnées, réfléchir sur le long terme et souhaiter la réussite d’un projet, quitte à y laisser des plumes, sans pour autant s’immiscer dans la gestion quotidienne de l’entreprise : c’est ainsi qu’Hugo Pingray et Pierre Vannineuse, fondateurs d’Alpha Blue Ocean (ABO), définissent leur métier.

Fondé en 2017, ce family office se donne pour mission de soutenir pendant de longues périodes des entreprises prometteuses, souvent en difficulté ou dédaignées par les acteurs traditionnels de la finance, car considérées comme trop risquées ou ne présentant pas des perspectives assez attrayantes. Un phénomène malheureusement de plus en plus fréquent ces dernières années et qui laisse peu d’options de financement aux PME et ETI cotées.

Hausse des taux et incertitudes macro : quand les investisseurs refusent leur part du risque

« Depuis Lehman Brothers et la crise des subprimes de 2008, les banques sont de plus en plus averses aux risques. Les contraintes réglementaires comme Bâle III, qui s’appliquent aux établissements de crédit, sont de plus en plus dures », affirme Frédéric Sutterlin, associé chez ABO dans une interview auprès d’Investisseurs TV. D’autant que le financement des activités risquées « génère un besoin de fonds propres supplémentaire », précise-t-il, et « avec le coût des fonds propres des banques, ça devient de moins en moins rentable ». Surtout, cette aversion au risque est encore plus marquée dans les périodes de perturbations politiques et économiques, qui sont légion aujourd’hui : inflation, hausse des taux d’intérêt, guerre en Ukraine, conflit israélo-palestinien…

Les conséquences sont claires pour de nombreuses sociétés : selon la Banque centrale européenne (BCE), la demande de crédits d’entreprise a chuté à son plus bas niveau cet été depuis 2003. Avec un taux directeur passé de -0,5 % en juillet 2022 à 3,5 % un an plus tard, les conditions d’accès aux prêts bancaires se sont considérablement durcies pour de nombreuses structures, surtout celles aux business model les plus risqués, selon Daniel Biarneix, président de l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE) et directeur financier adjoint de Saint-Gobain.

Du côté des fonds d’investissement, la situation n’est d’ailleurs pas plus rassurante : le cabinet EY a noté une baisse historique de 49 % des investissements chez les fonds de capital-risque au premier semestre 2023. Une chute exceptionnelle qui s’explique surtout par la « hausse des taux et les incertitudes macroéconomiques », notent les analystes du cabinet britannique.

Beaucoup d’entreprises, surtout celles qui ont un besoin massif de liquidités (comme les biotechs, les medtech, les greentech, ou les startups du numérique et des nouvelles technologies), se retrouvent donc avec des options de financement très limitées, pour ne pas dire inexistantes — ce qui les conduit trop souvent au dépôt de bilan, ou à de lourdes difficultés dans le meilleur des cas.

Placer l’entreprise au cœur du financement, une démarche alternative

Au-delà de la recherche de bénéfice qui motive toute entreprise financière, un family office comme ABO fait du soutien au développement des entreprises la philosophie centrale de sa mission. « Nous considérons que la finance doit permettre aux entreprises d’obtenir les capitaux dont elles ont besoin pour se développer », expliquent ses dirigeants . Il s’agit en particulier d’accompagner celles dont les perspectives sont les plus risquées, et à qui les fonds de venture capital ont tourné le dos.

Les fondateurs d’ABO se considèrent ainsi plutôt comme des financeurs que des investisseurs : « Nous sommes des entrepreneurs au service d’autres entrepreneurs », résume Pierre Vannineuse. « Nous sommes avant tout des “apporteurs de solutions” pour ces sociétés. Nous cherchons à connaitre leurs besoins, à comprendre le “meilleur état du monde possible” pour l’entrepreneur, puis à lui proposer des solutions qui s’en rapprochent le plus possible. Ensuite nous les mettons en œuvre avec flexibilité », détaille-t-il.

Pour autant, l’accompagnement proposé par ABO n’est pas synonyme de prise de contrôle. « Notre métier n’est pas de nous immiscer dans les affaires intérieures et le processus de décision des entreprises que nous accompagnons, mais de mettre à leur disposition les solutions de financement qu’elles ne trouvent pas ailleurs pour porter leurs ambitions dans la durée », soutient Hugo Pingray. « Concrètement, ce sont bien les dirigeants qui décident ou non de mettre en œuvre les options de financement que nous mettons à leur disposition ».

Des financements risqués mais qui en valent la peine

Évidemment, la prise de risque est réelle et d’ailleurs acceptée comme telle, puisque la plupart des entreprises accompagnées sont dans l’incertitude, qu’il s’agisse de l’aboutissement de leurs développements technologiques, comme des débouchés commerciaux ultérieurs. ABO a ainsi financé le groupe Vergnet (énergies renouvelables), Spineway (medtech), ou encore Europlasma (traitements des déchets dangereux), des entreprises qui faisaient toutes face à de sérieuses difficultés (trésorerie, business model…) avant d’être soutenues par ABO. « Leur dénominateur commun est d’être des sociétés dites de “Tech”, “high risk, high reward” : fort potentiel de gain sur le moyen/long terme, mais également un risque élevé de perte », résume Hugo Pingray.

Mais la prise de risque n’est pas inconsidérée, car elle se fait sur le fondement de business-modèles solides qui ouvrent la voie à des bénéfices potentiels pour la société et l’économie réelle. « C’est la perspective d’un upside, fondé sur l’espérance de gain attendu d’un modèle économique cohérent et auquel nous adhérons, qui nous motive à accompagner ces acteurs de l’économie réelle ». Le family office a par exemple accompagné Pharnext, une biotech française qui développe un traitement révolutionnaire de la maladie de Charcot-Marie-Tooth (CMT), ou encore DBT, une entreprise du nord de la France qui produit des bornes électriques de dernière génération capables de recharger très rapidement plusieurs véhicules en même temps.

La recherche de profit n’est donc pas l’unique motivation : financer ces sociétés, c’est aussi espérer un apport tangible et positif pour concrétiser leur stratégie, et aussi, par externalité positive, favoriser l’écosystème entrepreneurial et social dans lequel elles s’inscrivent. En parallèle, ABO a aussi investi dans des entreprises industrielles, moins « innovantes », mais disposant d’un savoir-faire important et qui étaient sur le point de déposer le bilan.

Une seconde chance in extremis pour des entreprises au savoir-faire critique

Au bord de la faillite et en cessation de paiement fin 2018, Europlasma, spécialisée dans le traitement des déchets dangereux et la production d’énergie renouvelable, est représentative des stratégies de retournement financées par ABO. Face au redressement judiciaire et à l’impossibilité de lever de la dette, le family office a proposé, en 2019, un financement par obligations convertibles en actions (OCA).

Une solution de la dernière chance pour cette entreprise spécialisée dans les procédés à haute valeur ajoutée et dont la disparition aurait pénalisé l’industrie française, en la privant d’une technologie-clé dans la transition écologique. « Elle est la seule entreprise au monde capable de traiter intégralement les déchets amiantés, et d’en assurer la destruction totale en cassant les molécules d’amiante et en cristallisant les résidus, un processus très complexe dont elle détient les brevets », précise Pierre Vannineuse.

Le rôle d’ABO a donc surtout été de créer une passerelle entre cette potentialité R&D et le processus industriel opérationnel, en accompagnant Europlasma pendant 24 mois, un temps long, mais nécessaire pour remettre sur pied une entreprise avec une visibilité financière aussi incertaine et lointaine.

Une approche d’autant plus pertinente que les secteurs innovants sont confrontés aux limites des financement publics, comme le souligne Paul-François Fournier, directeur de l’innovation chez Bpifrance : « L’enjeu principal est que le privé prenne le relai de la puissance publique sur le financement de l’innovation en France ». Un défi que des acteurs de la finance alternative, à l’instar d’ABO contribuent à relever en s’inscrivant dans l’accompagnement de long terme et le soutien à l’économie réelle.

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