OK
Accueil > Marchés > Cotation Cac 40 > Actus Cac 40

Jeremy Rifkin prédit la fin de la "civilisation fossile"


Actualité publiée le 20/10/19 09:52

L'économiste Jeremy Rifkin le 18 octobre 2019 à Paris (AFP/ERIC PIERMONT)

La civilisation centrée sur les énergies fossiles va s'effondrer d'ici à 2028 pour être remplacée par une nouvelle économie basée sur le solaire, l'éolien, le numérique, et sans nucléaire, prédit l'essayiste et économiste américain Jeremy Rifkin.

"La civilisation des carburants fossiles, qui est à la base des deux premières révolutions industrielles, s'effondre en temps réel", estime-t-il dans un entretien à l'AFP à l'occasion de la parution en français de son dernier ouvrage, "Le New Deal vert mondial" (éditions Les liens qui libèrent).

Jeremy Rifkin, qui a conseillé des responsables européens et des dirigeants chinois, part du constat que "le solaire et l'éolien deviennent si bon marché que leur coût moyen est désormais moindre que celui de l'énergie nucléaire, du pétrole, du charbon ou même du gaz naturel".

"C'est un tournant majeur et nous commençons à voir des milliers de milliards de dollars d'actifs perdus dans le complexe mondial des énergies fossiles", souligne-t-il.

"Les actifs perdus, ce sont les droits d'exploration (pétrolière et gazière) qui resteront inutilisés, tous les hydrocarbures qui ne seront jamais extraits, tous les pipelines qui seront abandonnés, les centrales électriques qui ne seront pas utilisées parce qu'elles ne seront jamais amorties."

Pour lui, le marché agit comme "une force puissante" dans cette évolution: "11.000 milliards de dollars se sont déjà rapidement détournés des énergies fossiles, les investisseurs ne voulant pas perdre leur mise", indique-t-il, relevant: la banque américaine "Citigroup estime que nous pourrions voir 100.000 milliards d'actif perdus. C'est la plus grosse bulle de l'histoire économique".

- "Pas besoin de nouvelles taxes" -

Pour l'essayiste, convaincu de l'avènement d'une nouvelle forme de capitalisme, c'est "la nature de l'infrastructure qui détermine la nature du système économique".

Il imagine ainsi un monde futur reposant sur trois grands types d'infrastructures, réunissant les populations au niveau local comme mondial dans ce qu'il appelle la "glocalisation": des réseaux de communication par smartphones; de l'énergie renouvelable, produite de manière décentralisée et distribuée par des réseaux intelligents; et enfin des transports électriques ou à pile à combustible, intégrés dans des chaînes logistiques intelligentes.

Cela nécessitera de gérer beaucoup de données. Elle ne seront toutefois plus contrôlées par les Google, Facebook et autres Amazon, mais stockées dans de petits centres reliés entre eux et contrôlés par des "assemblées de pairs" (des experts nommés par des responsables locaux ou régionaux).

Des projets pilotes existent aujourd'hui, avec quelques autobus à hydrogène ou bâtiments à énergie positive. Dans le nord de la France, Jeremy Rifkin a conseillé en la matière le président de région Daniel Percheron et continue de collaborer avec son successeur Xavier Bertrand.


Jeremy Rifkin le 18 octobre 2019 à Paris (AFP/ERIC PIERMONT)

Mais il plaide pour un changement d'échelle, où les décideurs politiques auront un rôle important à jouer.

"Ce sont les gouvernements qui créent l'infrastructure pour la révolution industrielle du XXIe siècle. Les Etats doivent créer des banques vertes, les régions françaises doivent mettre sur pied leurs propres banques vertes et émettre des obligations vertes" qui séduiront les fonds d'investissements recherchant "des rendements à long terme, stables, qui sont ceux que fournissent les infrastructures", détaille M. Rifkin.

En revanche, "vous n'avez pas besoin de nouvelles taxes", assure-t-il, un peu moins d'un an après le début de la crise des "gilets jaunes".

- Le nucléaire condamné -

Avec ces infrastructures, des millions de personnes, d'associations, de petites entreprises pourront "créer des coopératives pour leur énergie solaire et éolienne et réinjecter ce qu'elles n'utilisent pas dans un internet de l'énergie renouvelable de plus en plus numérisé qui pourra traverser les pays et même les continents".

Exit donc la production d'énergie centralisée qui domine aujourd'hui.

"Construire une nouvelle centrale électrique est complètement absurde", affirme-t-il, "le prix réel de l'énergie nucléaire sur la durée de vie d'une centrale est de 112 dollars par mégawatt", contre "entre 29 et 40 dollars par mégawatt" pour le solaire et l'éolien.

Et "il y a un autre problème: le manque d'eau", prévient-il. "Une part importante de l'eau douce sert à refroidir les réacteurs. Mais avec le changement climatique, l'eau des rivières et des lacs se réchauffe" et deviendra inutilisable l'été pour refroidir les centrales. Cela s'est déjà produit dans le sud de la France.

© 2019 AFP

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis avec les boutons ci-dessous.

Twitter Facebook Linkedin email

56 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.

papygaga
20/10/19 10:24
Il le prédit ou il l'espère ?

Pas entièrement d'accord avec son analyse :

- L'électricité prend du temps à recharger à comparer au 2 minutes à peine qu'il faut pour faire un plein.

- Les véhicules solaires ou électriques dégagent une puissance moindre par rapport à une combustion interne, il y a absence de véhicule lourds avec grande autonomie.

-même si a horizon 2028, les constructeurs automobiles produisaient essentiellement des véhicules électrique, il faudrait remplacer entièrement le parc de véhicules à combustion interne, ce qui représente plusieurs centaines de millions d'engins. Quand on voit des vieilles épaves rouler en France ou ailleurs, on ce dit que çà n'est pas pour demain.

- Certains besoins, pour le moment, ne sont pas substituables, ainsi on ne voit pas encore ce qui pourrait remplacer le kérosène pour les moyens et longs courriers.

-Enfin, le pétrole ce n'est pas seulement que les carburants, tout un ensemble de matières plastiques et synthétiques sont produits à partir de cette ressource.


Il est évident qu'une économie décarbonnée serait préférable à la situation actuelle, mais indépendamment du prix comparé entre pétrole et non carboné, il faut voir si une substitution pleine et entière de l'offre de produit peut avoir lieu.
JCROIPLU
20/10/19 11:39

Quand on fait le plein d'essence ou de diesel, nous faisons essentiellement le plein de taxes.

En supprimant les énergies fossiles, et en mettant tout en électricité (éolienne ou solaire), l’État Français ne percevra pas ces dites taxes.

Et alors comment on fait?

Si l’État augmente le prix de l’électricité, Madame Michu de triffouillis les moineaux, écolo sans voiture, va voir sa note d'électricité exploser...


papygaga
20/10/19 12:05
@jcroiplu :

Par ce que tu crois que les pouvoirs publics ne vont pas trouver une nouvelle taxe qui viendra remplacer la TIPP ?

Par ailleurs, l'Etat peut ne taxer que l'usage qui est fait, c'est à dire l'électricité utilisé comme carburant.

Donc ça impliquerait tout un appareillage spécial pour que les véhicules ne puissent se recharger qu'aux bornes commerciales qui collecteraient les taxes, avec de longues files d'attente...

Difficilement concevable alors que des véhicules électriques rechargeables existent déjà.

Luncyan
20/10/19 12:36
Quelle merde ce mec, je l’ai écouté parler putain mais quel charlot. Rien à faire de ce qu’il a fait par le passé ça aussi c’est à mettre au feu

Tous les commentaires Cac 40

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

VLuWbEwDiKrwTTEo35eTxNsXYgUvFu5RXDoitQewxsZCdXu3e8v9xCn7sfY9hxOl
logiciel chart 365 Suivez les marchés avec des outils de pros !

Chart365 par ABC Bourse, est une application pour suivre les marchés et vos valeurs favorites dans un environnement pensé pour vous.