Kering se déleste de son pôle beauté pour 4 milliards d’euros au profit de L’Oréal.
En cédant sa division beauté à L’Oréal pour 4 milliards d’euros, Kering tourne une page à peine commencée. L’opération, annoncée dimanche 19 octobre via un communiqué commun, prévoit une finalisation au premier semestre 2026. Elle inclut la vente de la marque Creed, acquise il y a moins de deux ans, mais aussi un contrat de licences exclusives de cinquante ans sur des noms emblématiques comme Gucci, Balenciaga ou encore Bottega Veneta.
Affaibli par des résultats en chute libre, le groupe de luxe présidé par Luca de Meo cherche à se recentrer. À l’issue du premier semestre 2025, Kering affichait un bénéfice net en baisse de 46 % à 474 millions d’euros, un chiffre d’affaires en recul de 16 % à 7,6 milliards, et une dette qui culmine à 9,5 milliards d’euros. La vente à L’Oréal devrait donc permettre une bouffée d’air. Le groupe précise que les 4 milliards seront versés en numéraire une fois l’opération conclue.
Un accord inédit autour des plus grandes marques de couture
L’accord va bien au-delà d’un simple rachat de marque. Il repose sur un mécanisme complexe incluant un partenariat stratégique de cinquante ans autour des produits parfum et beauté de Gucci. Ce partenariat prendra effet après l’expiration de l’actuelle licence confiée à Coty, prévue pour 2028 selon une note de HSBC.
En parallèle, une coentreprise à parts égales verra le jour, combinant les expertises des deux géants. Pour Nicolas Hieronimus, directeur général de L’Oréal, "L’ajout de ces marques extraordinaires complète parfaitement notre portefeuille existant et élargit considérablement notre présence dans de nouveaux segments dynamiques de la beauté de luxe (…) Gucci, Bottega Veneta et Balenciaga sont toutes des marques de couture exceptionnelles qui présentent un énorme potentiel de croissance".
L’Oréal renforce ainsi sa position dans le secteur très convoité du luxe, où elle possède déjà les licences Yves Saint Laurent depuis 2008 et Armani depuis 1988. L’acquisition vient aussi nourrir les spéculations nées du testament de Giorgio Armani, qui évoquait une reprise par LVMH, L’Oréal ou EssilorLuxottica.
Luca de Meo accélère le recentrage stratégique de Kering
À peine nommé à la tête du groupe en septembre, Luca de Meo ne cache pas ses ambitions de transformation. En juillet, il avait déjà promu Francesca Bellettini pour redresser Gucci, marque phare qui représente 44 % du chiffre d’affaires et deux tiers de la rentabilité de Kering, mais dont les performances s’essoufflent depuis plusieurs trimestres.
Dans le communiqué, le dirigeant affirme : "Cette alliance stratégique marque une étape décisive pour Kering" et précise : "Ce partenariat nous permet de nous concentrer sur ce qui nous définit le mieux : notre puissance créative et l’attractivité de nos maisons". Dès sa nomination, le 9 septembre, il avait posé un diagnostic clair : "La situation actuelle (…) renforce notre détermination à agir sans délai", ajoutant que "Nous devrons continuer à nous désendetter et, là où cela s’impose, rationaliser, réorganiser et repositionner certaines de nos marques".
L’Oréal, de son côté, a publié des résultats plus solides, avec un chiffre d’affaires semestriel en progression de 1,6 % à 22,47 milliards d’euros, dont plus de 7,65 milliards générés par sa division luxe.
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