Le géant américain Honeywell mise sur le Kazakhstan

Actualité publiée le 31/08/22 14:44

Bénéficiant d'un climat des affaires largement amélioré aux cours des dernières années, le pays d'Asie centrale fait figure de destination favorite pour les multinationales contraintes de quitter la Russie.

La guerre en Ukraine n'a pas simplement rebattu les cartes géopolitiques : l'invasion russe, et les sanctions internationales qu'elle a entrainées à l'encontre de Moscou, ont contraint un grand nombre d'entreprises occidentales à cesser leurs opérations en Russie. Du jour au lendemain, certains des plus grands groupes mondiaux ont fermé leurs portes, renvoyés leurs salariés et définitivement abandonné le pays de Vladimir Poutine. Pas question, pour autant, de renoncer à toute présence dans la très stratégique région d'Asie centrale, qui fait office de pont entre la Chine et l'Europe. Pour certaines de ces multinationales en quête d'attaches locales, le Kazakhstan fait alors figure de premier choix. Une opportunité historique dont les autorités de cet immense pays riche en matières premières, en pleine expansion économique et voisin direct de la Russie, ont bien l'intention de tirer profit.

Le Kazakhstan, nouvel eldorado des affaires

Fin juillet, le vice-ministre kazakhstanais des Affaires étrangères Almas Aïdarov déclarait ainsi qu' « à ce jour, 43 entreprises (étrangères) sont intéressées soit par la délocalisation de leur production ou l'ouverture de nouvelles installations au Kazakhstan, soit par le transfert au Kazakhstan de leur siège social pour la région eurasienne ». Un chiffre qui pourrait bien être significativement supérieur, Almas Aïdarov estimant que plus de 260 groupes auraient déjà publiquement affirmé leur intention de quitter le marché russe ou d'y fermer leurs bureaux, alors que les multinationales opérant en Russie auraient d'ores et déjà perdu près de 60 milliards de dollars en juin dernier. Avec donc, pour certaines d'entre elles, l'ambition de s'implanter au Kazakhstan, comme l'ont déjà fait ou prévoient de le faire la marque de bière Carlsberg, la plateforme en ligne TikTok ou le producteur brésilien d'équipements électroniques WEG.

Cet afflux soudain de grands groupes mondiaux est encouragé au plus haut niveau de l'Etat kazakh, le président Kassym-Jomart Tokayev ayant explicitement demandé à son gouvernement de préparer au mieux l'arrivée de ces entreprises étrangères. Une relocalisation qui, pour contrainte qu'elle soit, pourra donc s'appuyer sur de nombreux atouts. Fort de 19 millions d'habitants, le Kazakhstan est le pays le plus riche de la région centre-asiatique et a fortement assaini le climat des affaires depuis quelques années. Ambitionnant de figurer parmi les trente premières puissances mondiales d'ici à 2030, le pays s'est hissé, en 2020, au 25e rang des États où il est facile de conduire des affaires, selon un classement établi par la Banque mondiale. Les investisseurs étrangers ne s'y sont pas trompés, eux qui ont misé 24 milliards de dollars dans l'économie kazakhstanaise en 2021, un chiffre en hausse de +38% par rapport à l'année précédente.

L'ouverture « historique » d'une usine Honeywell à Almaty

Dernier arrivé en date, le groupe américain Honeywell a annoncé, à la fin du mois de juillet, l'ouverture de sa première usine à Almaty. Leader mondial des technologies industrielles, la société, originaire de l'Etat américain de Caroline du Nord, dispose de bureaux dans 70 pays et de plus de 110 000 salariés à travers le globe. Et le choix des dirigeants d'Honeywell ne doit rien au hasard – et peut-être moins qu'il n'y paraît au premier abord à la seule conjoncture géopolitique : présente au Kazakhstan depuis plus de 20 ans, l'entreprise soutient notamment les secteurs pétrolier et gazier, pour lesquels elle fournit des technologies de pointe dans la production du gaz ou le raffinage du pétrole. « Nous apprécions grandement la contribution d'Honeywell au développement du secteur pétrolier et gazier au Kazakhstan », a confirmé Almas Aïdarov, selon qui « l'entreprise est notre plus proche partenaire dans le domaine de l'automatisation et de l'intelligence artificielle dans le cadre de plusieurs projets de production et de raffinage de pétrole ».

De son côté, Uygar Doiran, président d'Honeywell pour l'Asie centrale, a estimé que le site d'assemblage d'Almaty, « le premier de son genre à produire la technologie ICSS (Integrated Control and Safety System) au Kazakhstan, constitue une base supplémentaire pour l'expansion de la capacité de production nationale de systèmes d'automatisation industrielle avancés » dans le pays, tout en jugeant que cette nouvelle usine allait renforcer la position du groupe dans la région. « Cette ouverture historique souligne notre engagement à faire progresser notre implantation au Kazakhstan », a encore assuré le dirigeant, « et permettra un accès rapide et facile aux technologies d'automatisation avancées et de sécurité critiques ». Cerise sur le gâteau, le groupe américain serait par ailleurs en train d'étudier la possibilité d'ouvrir son bureau régional au Kazakhstan.

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