Nicolas Hieronimus, Directeur Général de L'Oréal
En dépit des crises économiques mondiales, le secteur de la beauté continue d'éblouir par sa résilience. Nicolas Hieronimus, le Directeur Général de L'Oréal, ne cache pas sa conviction que l'industrie des cosmétiques n'a pas encore atteint son plein potentiel. Depuis sa prise de fonction en mai 2021, le dirigeant note une dynamique de croissance continue, soutenue par des transformations démographiques et des innovations technologiques qui redéfinissent la beauté de demain. Dans une interview accordée aux Echos, il souligne que ces évolutions sont les moteurs d'une industrie qui, selon lui, est loin d’avoir épuisé ses opportunités de développement.
L'industrie de la beauté génère déjà 280 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Toutefois, Hieronimus estime que le marché pourrait encore croître de 100 milliards de dollars dans les années à venir. Ce potentiel est tiré non seulement par les marchés émergents, mais aussi par un nouveau rapport à la beauté porté par les consommateurs plus jeunes et plus sophistiqués.
Une croissance continue malgré les crises
Le secteur de la beauté a su résister aux perturbations économiques, des récessions aux pandémies. Comme le souligne le patron de L'Oréal, la croissance a été relativement stable, avec des hausses annuelles comprises entre 4% et 5%, sauf lors de crises majeures comme la pandémie de Covid-19. Aujourd'hui, bien que la hausse post-Covid ait ralenti, le secteur reste dynamique, porté par des tendances démographiques positives. D'ici 2030, on estime que le nombre de consommateurs potentiels dans le secteur de la beauté passera de 4,2 milliards à 5 milliards. Une partie de cette expansion provient des pays émergents, où près de 75 % de la classe moyenne émergente réside.
Le vieillissement de la population représente également une opportunité unique pour l'industrie, avec 1,2 milliard de personnes de plus de 60 ans dans le monde, un nombre qui pourrait doubler d'ici 2050. Ces consommateurs âgés, souvent plus soucieux de leur apparence et de leur bien-être, constituent déjà un tiers de la consommation dans le secteur de la beauté.
Le marché masculin, un terrain fertile
Autre grand levier de croissance pour L'Oréal : le marché des cosmétiques pour hommes. Si les hommes représentent 50% de la population mondiale, ils ne consomment actuellement que 25% des produits de beauté. Mais cela change rapidement. L'Oréal a observé une forte demande dans cette catégorie, avec des marques comme L'Oréal Men Expert affichant une croissance de 20% en Europe sur un an. De plus, des marques comme CeraVe, initialement destinées aux femmes, trouvent désormais un large public masculin, particulièrement en Asie.
La beauté de demain : un secteur high-tech
L'une des grandes mutations du secteur de la beauté est l'intégration des technologies. L'Oréal, autrefois considéré comme un groupe purement cosmétique, s'affirme désormais comme un acteur majeur de la Beauty Tech. Grâce à une exploitation pointue des données collectées au fil des années, la marque propose désormais des outils de diagnostic de la peau ultra-performants. D'ici 2025, Beauty Genius, un conseiller virtuel, sera lancé aux États-Unis pour aider les consommateurs à choisir les produits les mieux adaptés à leur peau, avec une précision jamais atteinte jusqu'ici. Cette personnalisation est un aspect clé de la stratégie de L'Oréal, qui transforme la beauté universelle en une beauté individualisée.
Une industrie aux multiples opportunités
L'Oréal regarde aussi au-delà des produits cosmétiques traditionnels. Le groupe s'intéresse désormais aux domaines dermatologiques et médicaux, notamment avec La Roche-Posay et CeraVe, qui proposent des produits traitant des problèmes de peau et du vieillissement. Le groupe investit également dans des clinique esthétiques et détient une participation dans Galderma, un leader mondial de la dermatologie, pour suivre l'évolution de la demande dans des secteurs comme les injectables et les compléments alimentaires.
Pour L'Oréal, l'innovation est clé. Le groupe investit chaque année plus d'un milliard de dollars dans les technologies et consacre environ 3% de son chiffre d'affaires à la recherche. Ce n'est pas seulement une question de produire plus de cosmétiques, mais de proposer des solutions toujours plus efficaces et adaptées aux besoins des consommateurs.
Le PDG de L'Oréal met également en lumière les défis actuels auxquels l'Europe fait face. Si l'entreprise continue de croître en Europe, il plaide pour un meilleur soutien à l'innovation et à la recherche. L'Oréal investit massivement dans la recherche et développement en Europe, mais le cadre réglementaire doit rester favorable à l'innovation. Par exemple, des régulations excessives dans l'industrie de la beauté, comme les nouvelles obligations environnementales, pourraient freiner la croissance du secteur.
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