Il aura suffi d’un message sur Truth Social pour faire exploser les marchés financiers. En annonçant une pause de 90 jours sur les droits de douane réciproques, Donald Trump a provoqué un rallye historique des marchés financiers, qui n’avaient pas connu un tel emballement depuis la pandémie. À Paris, le CAC 40 grimpe de 6 %, le Dax allemand bondit de 8,18 %, et Londres suit avec une hausse de 6,10 %. La réaction est à la mesure du soulagement des investisseurs, éreintés par plusieurs semaines de tension commerciale.
Mercredi, alors que Wall Street ouvrait dans l’incertitude, le président américain a opéré une volte-face spectaculaire sur sa politique commerciale. Les droits de douane, imposés depuis le « Liberation Day » à plus de 75 pays, sont temporairement réduits à 10 %. Seule la Chine reste ciblée par des hausses punitives allant jusqu’à 125 %, déclenchant immédiatement une riposte de Pékin avec 84 % de surtaxes sur les produits américains. Ce changement de cap soudain, bien que partiel, a suffi à ranimer un appétit pour le risque.
Pourquoi les marchés s’enflamment… malgré le risque chinois
En une journée, le S&P 500 a bondi de 9,5 %, sa meilleure performance depuis la crise de 2008. Le Nasdaq, lui, a explosé de 12,2 %, porté par les géants technologiques comme Nvidia (+19 %). Le Dow Jones, qui a pris 2.900 points, établit un nouveau record depuis mars 2020. L’Europe a réagi immédiatement à cette euphorie américaine, galvanisée par la perspective d’une désescalade douanière.
Les plus fortes hausses à Paris viennent des secteurs les plus sensibles aux tensions commerciales :
- Stellantis : +12,06 %
- STMicroelectronics : +12,15 %
- Société Générale : +11,72 %
- LVMH et Kering : +8 % chacune
- Airbus et Safran : +9 %
- Saint-Gobain, ArcelorMittal et Schneider Electric : +9 à 13 %
Du côté des valeurs refuges, le franc suisse et le yen sont repartis à la hausse, tout comme l’or, qui reste un baromètre d’incertitude. Quant au rendement des obligations américaines à 10 ans, il chute à 4,30 %, traduisant une ruée vers les actifs sûrs. Les investisseurs se repositionnent donc prudemment, conscients que cette accalmie pourrait n’être que passagère.
La stratégie Trump : coup politique ou bombe à retardement ?
Ce n’est pas la première fois que Trump souffle le chaud et le froid. Son style, imprévisible, continue de secouer la planète financière. Mercredi, il a reconnu publiquement que sa politique tarifaire faisait « un peu peur » aux marchés. Le timing de son message n’est pas anodin : à la veille de la publication de l’indice américain des prix à la consommation (CPI) et à l’ouverture imminente de la saison des résultats à Wall Street, la manœuvre ressemble à une tentative de calmer les esprits avant une nouvelle secousse potentielle.
Mais l’accalmie pourrait être de courte durée. Les tensions avec Pékin ne faiblissent pas, et les devises asiatiques restent sous pression. Pour Frederic Neumann, économiste chez HSBC, « ce report laisse un peu plus de temps à la négociation, surtout pour les économies d’Asie tournées vers l’exportation ». Même son de cloche chez Pepperstone, qui évoque une « respiration tactique », mais met en garde contre « les retombées mondiales d’une escalade sino-américaine ».
Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote Bank, reste lucide : « Donald Trump restera dans l’histoire comme le président le plus imprévisible. Si le rebond repose sur des bases solides, il pourrait se prolonger… à condition que Trump tienne sa langue. »
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