Maroc, ce qu'il faut savoir du projet d'investissement géant de Mohammed VI

Actualité publiée le 05/12/22 09:52

La volonté du Maroc d’atteindre la neutralité carbone se concrétise avec le lancement du programme d’investissement vert du groupe OCP (2023-2027), dont la cérémonie de présentation a été présidée par le roi Mohammed VI, ce samedi 3 décembre. Un projet d’investissement géant qui vise à catalyser la croissance du Royaume Chérifien et à accélérer le développement social.

En présence du chef du gouvernement, des Conseillers royaux et des différents membres de l’Exécutif, le PDG du groupe OCP, Mostafa Terrab, a exposé devant le roi Mohammed VI, au palais royal de Rabat, les grandes lignes du plus grand projet d’investissement de l’histoire du Maroc, qui place l’économie verte au cœur de ses priorités.

Émergence d’un écosystème innovant

Ancré solidement dans le marché international, le géant marocain de production des engrais passe à l’offensive et s’apprête à accroitre ses capacités de production tout en s’engageant à atteindre la neutralité carbone avant 2040. Cette nouvelle étape dans le développement du groupe va nécessiter un investissement global de l’ordre de 13 milliards de dollars, permettant la réalisation d’un taux d’intégration locale de 70%. Son effet d’entraînement sur le secteur privé marocain est non des moindres : 600 entreprises industrielles marocaines seront accompagnées et 25.000 emplois directs et indirects seront créés. Les chiffres avancés suffisent pour montrer l’ampleur de ce programme inédit. Ces objectifs, une fois réalisés, devraient permettre l’émergence d’un écosystème national innovant et la création de nouvelles opportunités d’emplois pour les jeunes. Ainsi, les PME, qui vont bénéficier de programmes d’appui, notamment celles des secteurs de l’industrie, de l’énergie et de l’agriculture, pourront tirer leur épingle du jeu de ce nouveau plan substantiel.

Cet investissement colossal constitue de ce fait une réponse à l’appel de Mohammed VI, qui lors du discours d'ouverture de la session parlementaire d'automne a fixé un objectif stratégique : faire du secteur privé « une force motrice effective de l'économie nationale ». Il s’agit d’un pacte national, énoncé dans le nouveau modèle de développement, et qui fixe un nouveau cap : la mobilisation de 550 milliards de dirhams (soit 50 milliards de dollars) d'investissements et la création de 500 000 emplois d’ici 2026.

L’économie verte au cœur des priorités de l’OCP

La spécificité de ce nouveau programme est bien la part belle qu’il fait à la durabilité. Ainsi, un objectif ambitieux a été fixé : 5 GW pour alimenter l’ensemble de son outil industriel en énergie verte à horizon 2027. Pour aller plus loin, l’OCP compte répondre aussi bien aux besoins du groupe qu’à l’alimentation en eau potable et l’irrigation des zones riveraines des sites OCP. Aussi, l’énergie décarbonée produite par le groupe sera destinée à alimenter les nouvelles capacités de dessalement d’eau de mer, car dans moins de 2 ans 100% de leurs ressources hydriques proviendront de ce processus ou des eaux usées traitées. De quoi transformer le royaume à un pays à l’avant-garde de l’innovation.

Étant le premier importateur mondial d’ammoniaque, l’OCP prépare aujourd’hui son entrée en force dans le marché des engrais verts et des solutions de fertilisation. L’objectif est de mettre fin à ces importations en investissant également dans l’hydrogène vert, ce qui passe par la production de l’ammoniaque vert. En chiffres, ce programme vise à atteindre 1 million de tonnes à horizon 2027. Pour ce qui est du dessalement d’eau de mer, l’OCP veut augmenter sa capacité et passer de 35m3 à 560 m3 en 2027, mais pas seulement : le groupe va se lancer également dans la chimie de spécialité et vise à atteindre 30 kilotonnes de produits intermédiaires pour batteries Lithium Fer Phosphate (LiFePO4) et 20 kilotonnes de Fluor.

Dans le détail, les investissements projetés seront répartis sur différentes région pour atteindre les objectifs fixés. Ainsi, l’axe Khouribga-Jorf Lasfar verra la création d’une ferme photovoltaïque à capacité de 760 MW en 2027. Il est aussi prévu de porter la capacité de traitement des stations d’épuration des eaux usées de 5 Mm3 à 24 Mm3 à terme. La station de dessalement existante à Jorf Lasfar devrait fournir 300 Mm3 en 2025.

Le second axe Gantour-Meskala-Safi devrait connaitre l’installation d’un nouveau complexe chimique et minier avec une capacité de traitement de 6 millions de tonnes de roche, en plus de fermes solaires qui seront implantées à Benguérir et à Mzinda dotées d’une capacité de 440 MW à l’horizon 2027. Il est également prévu de porter à terme la capacité dessalement d’eau de mer à 200 Mm3.

Au niveau du troisième axe de Tarfaya-Laâyoune-Boucraa, le parc solaire et éolien devrait totaliser une capacité de 3,8 GW. Un complexe de production d’ammoniaque vert sera aussi mis en place au sud de Tarfaya.

Pour y parvenir, l’OCP a pris de nouveaux engagements dans ce domaine qui consistent à utiliser à 100% l’eau non conventionnelle d’ici 2024, utiliser d’une manière exclusive l’électricité verte d’ici 2027 et atteindre la neutralité carbone avant 2040. Pour rappel, la vision avant-gardiste du royaume dans le domaine des énergies renouvelables lui a permis de se positionner très tôt au niveau de l’échiquier international et ainsi d’être considéré aujourd’hui parmi les pays les plus verts au monde.

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis avec les boutons ci-dessous.