Maroc, les messages clés de Mohammed VI lors du discours du trône

La résilience, développée par le royaume chérifien face aux différents chocs exogènes, a été mise en avant par Mohammed VI, lors de sa traditionnelle allocution marquant ses 24 ans de règne. L’occasion d’un tour d'horizon des réalisations du royaume, dont le fil conducteur est le «sérieux».  

Le royaume chérifien n’a pas été épargné par la forte montée des pressions inflationnistes. Le taux d’inflation, ne dépassant pas habituellement 1,5 % au cours des deux dernières décennies, a atteint en 2022, son plus haut depuis 1992, soit 6,6 %. Pour un retour de l’inflation à des niveaux en ligne avec son objectif de stabilité des prix, la Banque Centrale a donc procédé au resserrement de la politique monétaire, notamment, à travers le relèvement du taux directeur à 2,5 %. De même le contexte mondial difficile et la sécheresse particulièrement sévère ont ralenti la croissance économique du pays, qui n’a pas dépassé 1,3 % en 2022, et ce après 8 % en 2021. Cependant, la performance remarquable des métiers mondiaux du Maroc et du secteur du phosphate a permis de perpétuer la dynamique observée en 2021 au niveau des échanges extérieurs.

Le Maroc demeure toutefois exposé à de nombreux défis : changements profonds du paysage mondial, fragmentation géopolitique, montée de la souveraineté économique, récurrence des phénomènes climatiques extrêmes, accentuation du stress hydrique. Ces évolutions nécessitent, selon le gardien du temple financier et monétaire, Abdellatif Jouahri, de «rehausser l’adaptabilité et l’agilité de la politique publique et renforcer la résilience de l’économie nationale».  

Une relance sous le signe de la résilience

En tête de l’agenda de Rabat : la sécurité hydrique et énergétique. Elle constitue en effet un enjeu majeur pour ce pays, dont le secteur agricole demeure dépendant des aléas climatiques.  Mohammed VI s’est donc montré intransigeant contre toute forme de mauvaise gouvernance, de mauvaise gestion ou d’exploitation anarchique et irresponsable de l’eau. Il a par ailleurs donné ses instructions pour un suivi minutieux de la mise en œuvre du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027.

La transition énergétique, étant aussi une question hautement stratégique pour Rabat, le souverain a rappelé, dans ce cadre, le lancement du Programme d’investissement vert du Groupe OCP et le coup d’accélérateur donné au Plan de déploiement des énergies renouvelables.

Reconnu parmi les 6 pays au monde avec un fort potentiel de production et d'exportation d'hydrogène et ses dérivés verts, le Maroc a décidé récemment de valoriser ses atouts en la matière, d’où l’appel du roi Mohammed VI à la mise en œuvre rapide et qualitative du projet «Offre Maroc». Le but est de «répondre au mieux aux projets portés par les investisseurs mondiaux dans cette filière prometteuse».

Un chapitre du discours royal a été par ailleurs consacré à l'innovation marocaine. Elle a été particulièrement saluée par le roi du Maroc, qui a mis l’accent sur deux caractéristiques de la jeunesse de son pays : «le génie créateur» et «l'esprit novateur». Ces atouts illustrent l’ampleur des différentes réalisations de cette frange de la population, notamment dans les domaines du sport et de l’innovation. Et Mohammed VI de citer les performances de la sélection nationale à la dernière Coupe du monde de football, ainsi que la réalisation de la première voiture de fabrication locale et du premier prototype de voiture à hydrogène. Deux projets qui confortent le positionnement du Maroc en tant que destination majeure pour les investissements productifs.

La question de l'intégrité territoriale, ultime priorité de Rabat, a également été au cœur de l’allocution du roi, en particulier la reconnaissance israélienne de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. «Le sérieux qui, sur fond de légitimité, a déclenché des reconnaissances en cascade de la souveraineté du Maroc sur ses Provinces du Sud, celle de l’Etat d’Israël étant la dernière en date», a-t-il indiqué. Et de réitérer son attachement à la cause palestinienne et la position «inébranlable» du Maroc sur ce dossier. Il a aussi exprimé son souhait pour de meilleures relations avec l'Algérie en appelant à la réouverture des frontières et un retour à la normale entre les deux pays voisins.

Outre les réalisations du royaume dans les différents domaines et les mesures adoptées pour atténuer l'impact économique de la crise mondiale, le monarque s’est aussi attelé aux domaines dans lesquels les Marocains devraient davantage faire preuve de sérieux.

« le sérieux », nouvelle clé du progrès socioéconomique

«Le sérieux», ce terme générique, employé cependant plus de 14 fois par Mohammed VI durant son allocution du samedi dernier, traduit la volonté du plus haut sommet de l’État de changer de logiciel pour «franchir de nouveaux seuils sur la voie du progrès» et pour «échafauder des réformes, des projets de plus grande envergure, dignes des Marocains», a-t-il précisé. Ce concept développé par le souverain tout au long de son discours annuel du Trône invoque l’esprit de responsabilité, la reddition des comptes, les règles de bonne gouvernance, ainsi que le mérite et l’égalité des chances. Ces idéaux et principes opératoires devraient, selon lui, s’appliquer sur les différents secteurs d’activités, à savoir, la santé, l’éducation, l’emploi, et le logement. S’agissant du domaine politique, administratif et judiciaire, le souverain a insisté sur «le dévouement au service du citoyen» ainsi que «la primauté accordée aux intérêts supérieurs de la nation et des citoyens». Le monde des affaires est également concerné par cette ligne de conduite. Les opérateurs économiques sont appelés à leur tour à prendre en compte ces valeurs dans leurs domaines relatifs à l’investissement et la production.

Le «sérieux» dont parle Mohammed VI implique aussi l’attachement aux valeurs religieuses et patriotiques : «Dieu – la Patrie – le Roi», insiste le souverain. En deuxième lieu, le roi évoque l’attachement à «l’unité nationale» du pays et à «son intégrité territoriale». Et pour une société plus solidaire et plus soudée, il appelle donc à «la sauvegarde des liens sociaux et familiaux». Enfin, le progrès économique souhaité par Mohammed VI ne peut s’achever qu’à travers «la poursuite résolue de la quête du développement», étant la voie vers le renforcement de la justice sociale et spatiale.

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