Oracle crée la surprise à Wall Street avec une envolée historique de son action. En ligne de mire : des prévisions inédites dans le cloud, portées par l’essor de l’intelligence artificielle.
Oracle a électrisé Wall Street, les analystes sont resté sans voix. L’action du géant des logiciels a bondi jusqu’à 30 % en après bourse, après la publication de prévisions massives dans le cloud pour les prochaines années. Une annonce qui intervient dans le sillage des résultats trimestriels, où Oracle a misé gros sur l’intelligence artificielle… et semble en récolter les fruits.
Le groupe dirigé par Safra Catz prévoit que les revenus de son infrastructure cloud passeront de 18 milliards de dollars en 2026 à 144 milliards en 2030, soit une multiplication par huit en seulement quatre ans. Pour les analystes et investisseurs, ces chiffres marquent un tournant spectaculaire dans l’histoire du groupe.
Des contrats géants déjà dans les tuyaux
Sur le trimestre clos fin août, Oracle a annoncé une hausse de 28 % de ses revenus liés au cloud, à 7,2 milliards de dollars, dont 3,3 milliards pour l’infrastructure cloud seule (+55 % sur un an). L’entreprise mise sur cette dynamique pour annoncer des prévisions hors normes : 32 milliards en 2027, 73 milliards en 2028, 114 milliards en 2029, et enfin 144 milliards à horizon 2030.
Cette envolée s’appuie sur une tendance de fond. Selon Jacob Bourne, analyste chez eMarketer, "Les entreprises sont clairement avides d'outils cloud d'IA rentables, et Oracle se positionne pour répondre à cette demande". Oracle met en avant des technologies cloud intégrées et des déploiements flexibles, adaptés à une demande croissante des grandes entreprises en matière d’IA.
Ce n’est pas qu’une vision ambitieuse : la PDG Safra Catz a souligné que de nombreux engagements sont déjà sécurisés. "Nous avons rendu très facile les processus de connexion directe de toutes les bases de données de nos clients aux modèles de raisonnement IA les plus avancés au monde. ChatGPT, Gemini, Grok sont tous disponibles dans Oracle Cloud", a-t-elle précisé en conférence téléphonique.
Ces annonces se traduisent aussi dans le carnet de commandes : les "Remaining Performance Obligations" (RPO), autrement dit les revenus futurs déjà contractualisés, atteignent désormais 455 milliards de dollars, soit une hausse spectaculaire de 359 %. Pour Brad Zelnick, de Deutsche Bank, ces chiffres ne laissent place à aucun doute : "Nous sommes tous sous le choc, mais dans le bon sens du terme, il n'y a pas de meilleure preuve du changement sismique qui s'opère actuellement dans l'informatique que ces résultats que vous venez de publier".
Rebecca Wettemann, analyste chez Valoir, abonde dans le même sens : "Les chiffres actuels et prévus montrent que l'investissement d'Oracle dans l'infrastructure continue de porter ses fruits, car les grandes organisations se tournent vers Oracle Cloud pour soutenir leurs initiatives d'IA".
Une réaction boursière à la hauteur des ambitions
La Bourse ne s’y est pas trompée : l’action Oracle a grimpé de près de 30 % dans les échanges après la clôture. Certains analystes parlent même de la réaction la plus forte de la saison des résultats dans le secteur tech. Et pour cause : malgré un chiffre d’affaires trimestriel légèrement en dessous des attentes (14,93 milliards contre 15,04 milliards attendus), les marchés ont surtout retenu la trajectoire à long terme.
Oracle ne veut plus être perçu comme un simple acteur historique des bases de données. L’entreprise revendique désormais un rôle central dans l’infrastructure cloud et l’IA, aux côtés des géants que sont Microsoft, Amazon ou Google. Un pari audacieux… qui semble déjà porter ses fruits.
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