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Pays émergents, quelle trajectoire de croissance dans le monde d'après ?


Actualité publiée le 23/09/22 09:54

La pandémie du Covid-19 a interrompu l’essor des économies émergentes. Le choc a été rude, provoquant des récessions violentes et inédites. Si la plupart ont retrouvé aujourd’hui leur niveau d’avant-crise, leur trajectoire de développement future interroge. Quel sera le « nouveau monde » des pays émergents ? Connaîtront-ils le même essor que dans les années 2000 ou la crise a tout simplement marqué la fin d’un cycle ?

économie émergents

1/ La crise a accéléré le besoin de réajuster le modèle économique traditionnel des pays émergents

Comme souvent, les grandes ruptures sont des accélérateurs de tendances. Nous avons identifié trois grands axes qui définiront le contour du « nouveau monde » des pays émergents.

Le premier axe concerne l’avenir de la mondialisation. Dans les deux dernières décennies, celle-ci s’est amplifiée grâce à la mise en place des chaînes de valeur, nombreuses et étendues. Le phénomène a profité à beaucoup de pays émergents, et notamment les économies asiatiques (la Chine en tête). La crise sanitaire a conduit à prendre conscience de cette sur-dépendance. Certes, les chaînes de valeur ne vont pas disparaître car leur intérêt économique demeure considérable. Toutefois, leur dynamique va changer, notamment à travers deux modalités : diversification des sources d’approvisionnement d’une part, et relocalisation des capacités de production au plus près des lieux de consommation, d’autre part. Ce nouveau contexte, auquel s’ajoute une automatisation de l’industrie qui réduit les bénéfices de la délocalisation dans les pays à bas coût de main-d’œuvre, pourrait considérablement ralentir le développement des pays émergents.

Le deuxième axe concerne la gestion de la remontée des inégalités et de la pauvreté. Selon la Banque Mondiale, la crise sanitaire a fait basculer au moins 71 millions de personnes dans l’extrême pauvreté en 2020 (c’est-à-dire sous le seuil international de 1,90 dollar par jour). L’Asie du Sud, en particulier l’Inde, a enregistré la plus forte hausse du nombre de pauvres. Trois éléments expliquent cette situation. Premièrement, la pandémie a laissé des séquelles graves et durables sur le marché du travail souvent dominé par l’emploi précaire et informel. Deuxièmement, elle a interrompu l’éducation de nombreux enfants notamment des familles vulnérables, accentuant les déficits d’apprentissage dangereux pour la productivité et les revenus futurs. Enfin, les amortisseurs sociaux sont faibles pour freiner la progression des inégalités et de la pauvreté. En effet, les dépenses sociales sont généralement beaucoup plus faibles dans les pays émergents que dans les pays de l’OCDE. En particulier, leur couverture des programmes contributifs d’assurance sociale est limitée (en particulier en Chine, en Asie du Sud comme l’Inde ou encore en Afrique du Sud) tandis que la couverture de l’indemnisation du chômage est quasi absente dans tous les pays.

Le dernier axe concerne la situation financière des pays émergents. La pandémie a accentué leurs besoins de financement, alourdissant leur dette à un moment où ils auront besoin pour faire face aux grands défis de long terme (transitions écologique, numérique, stratégique, etc.). Selon la Banque Internationale des Règlements, la dette des pays émergents a atteint un nouveau record, à 230 trillions de dollars fin 2021 (soit 264 % du PIB, 18 points de plus par rapport à fin 2019). L’endettement public a fortement augmenté, tandis que la dette privée comporte désormais une part significative et croissante en devises étrangères. La situation alimente le risque de sorties massives de capitaux étrangers, surtout dans un contexte où les banques centrales des pays développés sont amenées à resserrer sévèrement leur politique monétaire pour lutter contre l’inflation. Elle concerne en premier lieu les pays d’Amérique latine et d’Europe centrale et orientale.

2/ La transition vers le nouveau modèle de croissance sera lente

Ces perturbations menacent l’horizon des pays émergents. Le phénomène n’est pas nouveau. Bien avant, la croissance montrait déjà des signes de ralentissement dans certains pays, interrogeant l’avenir des pays émergents et la nécessité de changer de modèle. La crise a accéléré la tendance. Tous sans exception sont amenés à adapter leur stratégie de développement et trouver de nouveaux relais de croissance dans le monde d’après. Mais le processus de mutation s’avère délicat.

Le nouveau modèle économique des pays émergents consiste à mettre l’accent sur deux facteurs : la croissance de la productivité et la consommation domestique :

D’abord la productivité. Celle-ci s’est affaiblie au fur et à mesure que les salaires augmentent. Face à la nouvelle forme de la mondialisation, le commerce extérieur ne permettra plus des taux de croissance élevés. Le changement de modèle passera par le développement de secteurs à plus haute valeur ajoutée et la montée en gamme des capacités d’innovation et de R&D afin de maintenir l’avantage comparatif des produits exportés. Pour cela, il exige, entre autres, une main d’œuvre qualifiée, des infrastructures publiques performantes et des avancées dans la protection des droits de propriété intellectuelle. La tâche s’annonce difficile. Rares sont les pays en mesure de diversifier rapidement leurs économies. A l’exception de la Chine qui possède une longueur d’avance, de nombreux pays restent enlisés dans leur spécialisation sectorielle (l’agroalimentaire au Brésil ou les matières premières en Russie par exemple). Aucun signe ne pointe vers une amélioration franche dans les années à venir. L’étroitesse des marges de manœuvre budgétaires et la lenteur des réformes structurelles, dans un contexte où la gouvernance demeure déficiente et corrompue, constitueront les principaux freins au changement.

L’autre grand impératif concerne le renforcement de la demande domestique. Il s’agira d’améliorer le niveau de vie des ménages et mettre en place des amortisseurs sociaux performants. Là encore le rééquilibrage sera difficile. Certes, le potentiel de consommation est élevé en raison de la poursuite de la croissance démographique et l’accélération de l’urbanisation. Sa progression sera toutefois insuffisante pour substituer au moteur externe car les réformes du système de protection sociale essentielles pour réduire l’épargne de précaution sera longues à mettre en place, surtout que dans plusieurs des pays émergents, la stabilité politique n’est pas souvent garantie. (lire la suite)

Source : Fibee

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