Repli en Chine, désengagement aux États-Unis, pression sur les marges… Le groupe français des spiritueux Pernord Ricard prévient d’un premier trimestre difficile, marqué par un environnement incertain.
Un climat économique instable, des stocks gonflés et des consommateurs prudents : Pernod Ricard aborde l’exercice 2025–26 avec une certaine fébrilité. Jeudi, le géant français des spiritueux a annoncé une baisse de 3 % de son chiffre d’affaires annuel, soit 10,96 milliards d’euros sur l’exercice clos, contre 11,60 milliards un an plus tôt, un recul finalement légèrement inférieur aux prévisions des analystes.
Les premières tendances du nouveau trimestre ne sont guère plus encourageantes. Le groupe prévoit déjà un démarrage difficile sur les trois premiers mois de l’exercice fiscal 2025–26, en raison de tensions persistantes sur ses marchés clés que sont la Chine et les États-Unis.
Chine et États-Unis, deux foyers de turbulences
En Chine, Pernod Ricard a enregistré un repli brutal de 21 % de ses ventes. En cause, un moral des consommateurs toujours en berne et des incertitudes commerciales autour de l’enquête anti-dumping. L’attente de sa conclusion a provoqué une saturation des circuits de distribution. "L’anticipation de la fin de l’enquête anti-dumping a entraîné un surplus de stocks chez les distributeurs, ce qui devrait peser sur les ventes au premier trimestre", avertit le groupe.
Aux États-Unis, deuxième marché stratégique, les ventes ont diminué de 6 %, affectées par un contexte de modération de la consommation, elle-même liée à des facteurs économiques. Cette retenue des acheteurs s’est doublée d’une autre incertitude : "Les incertitudes prolongées concernant les droits de douane ont impacté les niveaux de stocks des distributeurs en fin d’exercice, qui seront ajustés au cours de l'exercice", précise Pernod Ricard, propriétaire notamment de la vodka Absolut et du whisky Jameson.
Un exercice 2026 placé sous le signe de la transition
Sur l’ensemble de l’année 2024–25, le groupe affiche un résultat opérationnel courant de 2,95 milliards d’euros, en baisse organique de 0,8 %, tandis que le Free Cash Flow progresse de 170 millions, à 1,13 milliard d’euros. Le prochain exercice ne s’annonce pas comme celui du rebond immédiat. "Le producteur de spiritueux a par ailleurs annoncé prévoir que son exercice fiscal 2026 sera une année de transition avec une amélioration des tendances au deuxième semestre après un premier trimestre attendu en baisse".
À cela s’ajoute une pression extérieure supplémentaire, non négligeable pour un groupe exposé à de nombreux marchés : "Le groupe anticipe également un impact de change significativement négatif".
Dans cette période incertaine, Pernod Ricard vise à moyen terme un retour à une croissance organique comprise entre +3 % et +6 %, ainsi qu’une progression de sa marge opérationnelle. Le montant de ses investissements stratégiques pour 2025–26 devrait rester inférieur à 900 millions d’euros.
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