Vlad Yatsenko et Nikolay Storonsky, co-fondateurs de Revolut
La néobanque Revolut s’apprête à franchir un nouveau cap historique : celui des 65 milliards de dollars de valorisation. En coulisses, la fintech britannique serait en train de boucler un tour de table d’un milliard de dollars, mêlant l’émission de nouvelles actions et la vente de titres existants, selon les informations du Financial Times. Une opération d’envergure, qui pourrait la propulser parmi les géants mondiaux de la finance.
Derrière cette montée en puissance, des ambitions XXL : Revolut, déjà forte de 50 millions de clients, mise sur cette levée de fonds pour accélérer son expansion à l’international, notamment aux États-Unis et en Europe. Un projet qui séduit de puissants investisseurs, dont l’américain Greenoaks et le fonds souverain d’Abu Dhabi, Mubadala, déjà présent au capital.
Un nouveau tour de table qui fait grimper la valorisation de Revolut
Si l’opération aboutit, la valorisation de Revolut bondirait de 45 à 65 milliards de dollars, en moins de deux ans. En 2024, l’entrée de Mubadala au capital s’était faite sur une base de 45 milliards. Cette fois, d’autres investisseurs historiques comme Balderton pourraient céder une partie de leurs parts, tandis que le fonds Greenoaks jouerait un rôle moteur dans le tour de table.
L’enjeu est considérable. En juin dernier, la presse britannique révélait que Nik Storonsky, fondateur et PDG de la fintech, pourrait débloquer un bonus colossal si la société atteignait un jour les 150 milliards de dollars de valorisation. Une incitation à multiplier les projets d’expansion, avec un œil attentif sur le marché américain.
Revolut, qui est rentable depuis quatre ans, s’appuie sur des résultats en forte croissance pour séduire les investisseurs : en 2024, la néobanque a enregistré 3,1 milliards de livres sterling de revenus (soit 3,7 milliards d’euros), contre 1,8 milliard l’année précédente. Son bénéfice net a lui aussi explosé, atteignant 790 millions de livres sterling (environ 934 millions d’euros), presque le double de 2023.
Objectif États-Unis, France et nouveaux services bancaires
Cette levée de fonds devrait offrir à Revolut les moyens de ses ambitions. Après avoir obtenu sa licence bancaire britannique en 2024, au terme de trois années de négociations avec les autorités, la fintech peut désormais espérer décrocher des agréments similaires sur d’autres marchés clés, notamment aux États-Unis.
La société mise aussi sur son implantation en France, qu’elle veut transformer en hub stratégique européen. Lors du sommet Choose France en mai dernier, Revolut a annoncé un investissement d’un milliard d’euros sur trois ans, incluant :
- le recrutement de 200 collaborateurs,
- l’ouverture de nouveaux bureaux à Paris,
- et une demande d’agrément bancaire local.
Déjà suivie par plus de 5 millions d’utilisateurs français, l’entreprise entend y renforcer ses services et ses équipes, dans une logique de proximité et de conformité réglementaire.
Distributeurs automatiques et croissance européenne
Parallèlement à ces développements stratégiques, Revolut entend se démarquer de la concurrence par des projets plus inattendus. En Espagne, la fintech teste ses premiers distributeurs automatiques maison, une initiative rare dans le secteur des néobanques. Ces bornes permettront aux clients d’ouvrir un compte, de retirer de l’argent sans limite et de recevoir une carte immédiatement.
Ce modèle, déjà en phase de déploiement, sera élargi à d’autres pays européens d’ici 2026. Un pari à contre-courant, alors que de nombreuses banques traditionnelles ferment leurs agences et distributeurs physiques.
En combinant hypercroissance, innovation technologique et déploiement physique, Revolut tente un coup double : séduire à la fois les clients exigeants et les régulateurs. Et la levée de fonds imminente, en plus de porter sa valorisation à des sommets, pourrait bien consolider sa position comme l'une des fintechs les plus puissantes du monde.
© AbcBourse.com. Tous droits réservés