Revolut sort le grand jeu en France. À l’occasion du sommet Choose France, la néobanque britannique a annoncé un investissement massif de plus d’un milliard d’euros sur trois ans dans l’Hexagone. Objectif : obtenir une licence bancaire française, ouvrir un deuxième siège européen à Paris, et devenir la banque principale de millions de Français.
Avec plus de 5 millions de clients en France, Revolut fait du pays son marché prioritaire dans l’Union européenne. L’entreprise, fondée en 2016 à Londres, compte aujourd’hui 55 millions d’utilisateurs dans le monde. Son ambition est claire : doubler sa base française d’ici 2026, pour atteindre 10 millions de clients et dépasser ainsi BoursoBank.
Un nouveau siège européen et une licence bancaire française
Revolut ne se contente plus d’opérer en France sous licence lituanienne. La banque mobile va désormais déposer une demande d’agrément auprès de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Une étape cruciale qui lui permettra de disposer d’un IBAN français, rassurant pour les utilisateurs, et d’élargir son offre de produits réglementés.
Ce changement de statut s’accompagne d’une implantation physique de taille : le nouveau siège européen de Revolut s’installera à Paris, en plus de celui existant à Vilnius. « Le choix de Paris s’impose naturellement », explique Pierre Décoté, directeur des risques du groupe, en saluant le cadre réglementaire et la dynamique du secteur financier français. Ce siège tricolore supervisera les activités en Irlande, Allemagne, Espagne, Italie et Portugal.
Recrutements, produits d’épargne et offensive sur les pros
L’investissement de plus d’un milliard d’euros prévu par Revolut en France couvrira plusieurs volets :
- Le recrutement de plus de 200 personnes
- L’augmentation des fonds propres exigés pour la licence bancaire française
- L’élargissement de la gamme de services, notamment sur l’épargne et le crédit
Une fois agréée, Revolut pourra proposer aux Français des produits réglementés comme le Livret A ou le PEA, aujourd’hui inaccessibles à ses clients. Le crédit immobilier, déjà en phase pilote en Lituanie, est également attendu en France d’ici la fin 2025. « Cette initiative stratégique nous permettra d’offrir une gamme élargie de produits, au sein de l’un des cadres bancaires les plus sûrs », affirme Antoine Le Nel, directeur croissance du groupe.
Revolut compte aussi développer son offre Revolut Business, qui représente déjà 15 % de son chiffre d’affaires. En ligne de mire : conquérir davantage d’entreprises et de professionnels avec des solutions de crédit et d’épargne sur mesure.
Une course aux 100 millions d’utilisateurs, bénéfices à la clé
Revolut affiche des ambitions continentales. Avec 80 % de sa clientèle située en Europe, la start-up fintech veut s’imposer comme la première banque de l’Espace économique européen, en s’appuyant sur un modèle rentable et évolutif.
En 2023, l’entreprise a doublé ses bénéfices, atteignant 920 millions d’euros, tandis que ses revenus ont bondi de 72 % à 3,6 milliards d’euros. Elle demeure à ce jour la seule fintech européenne bénéficiaire à cette échelle.
« Nous voulons devenir le premier groupe bancaire en Europe », affirme Antoine Le Nel. Pour y parvenir, Revolut compte sur la confiance renforcée de ses clients grâce à l’IBAN français, et sur l’élargissement de son portefeuille de services. La bataille est lancée face aux acteurs historiques. Et les banques traditionnelles, déjà confrontées à une multi-bancarisation croissante des Français, vont devoir s’adapter à cette montée en puissance éclair.
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