OK
Accueil > Marchés > Cotation SBF 120 > Actus SBF 120

Suisse Secrets, des soupçons sur l'identité du lanceur d'alerte


Actualité publiée le 24/02/22 17:21

Menée par de nombreux médias internationaux à partir d'une fuite de données qui porte sur 18 000 comptes bancaires, cette nouvelle enquête internationale d'envergure s'attaque cette fois-ci au laxisme de la puissante banque Crédit Suisse mais aussi au système bancaire helvétique dans son ensemble. Cependant, les premières cibles de ces leaks, notamment le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokayev, laissent penser qu'il s'agit peut-être d'un règlement de compte de la part du clan Abliazov-Khrapunov basé entre Paris et Genève.

Après les LuxLeaks (2014), les Panama Papers (2016) ou encore l'OpenLux (en 2021), place aux «Suisse Secrets». Accusée d'avoir permis à un certain nombre d'hommes politiques et de chefs d'État -voire à des personnalités sulfureuses connues pour leurs pratiques de corruption- de s'enrichir, la banque Crédit Suisse fait l'objet d'un scandale retentissant. De nombreuses données confidentielles ont ainsi été transmises il y a un an par une source anonyme au journal allemand Süddeutsche Zeitung et validées par une enquête orchestrée par 152 journalistes issus de 39 pays.

Crédit Suisse : certains comptes litigieux remontent aux années 1970

L'établissement financier n'a évidemment pas manqué de rappeler que son système de contrôle a été fortement renforcé il y a presque 15 ans au lendemain de la crise financière de 2008. « Ces allégations médiatiques semblent être un effort concerté pour discréditer la place financière suisse, qui a subi des changements fondamentaux depuis la crise financière mondiale, tout en ciblant spécifiquement Crédit Suisse avec un tir de barrage d’allégations infondées », s'est défendu ce dernier. L'établissement bancaire helvétique affirme donc que ces leaks lèvent le voile sur des pratiques révolues et que des « mesures importantes dans le cadre des réformes financières suisses ont été prises ces dernières années », rappelant que certains comptes problématiques remontent aux années 1970.

Si l'on comprend aisément la volonté du donneur d'alerte de dénoncer « le rôle honteux des banques suisses en tant que collaboratrices des fraudeurs fiscaux », on peut cependant s'interroger sur la pertinence du choix de la première personnalité ciblée par l'enquête : le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokayev. Ce premier volet relayé par Le Monde s'attaque à un homme politique connu pour être le « bon élève » d'Asie centrale et choisi comme fils spirituel par l'ancien chef d'État Noursoultan Nazarbaïev précisément car il n'est « ni un chef de clan ni lié aux élites régionales et qu’il ne possède pas de fortune personnelle ». L'article révèle que Tokayev aurait résidé en Suisse, alors qu'il était directeur du bureau des Nations unies à Genève sous le mandat de Ban Ki-moon entre 2011 et 2013. Et qu'il posséderait « un appartement dans un quartier calme de Genève acheté dès 2006, une maison de ville au bord du lac dans la commune voisine de Versoix, et une autre à Saint-Prex, dans le canton de Vaud ».

A qui profite « le crime » ?

Des données connues et déjà rendues publiques il y a plusieurs années par des sites russes. A la suite de la publication de ce premier volet des Suisse Secrets, le président Tokayev a fait savoir qu'il ne possédait pas « de compte en banque suisse ». « Il n’a aucun compte dans une banque étrangère, de sociétés offshore ou d’immobilier à l’étranger » a par ailleurs précisé son service de presse. Quel intérêt la source anonyme aurait-t-elle donc de s'en prendre en premier lieu, parmi un ensemble de figures connues du crime organisé, à cet homme politique en particulier dont le patrimoine a déjà été révélé et qui a été mis en difficulté sur le plan intérieur avec la gestion de l'une des plus importantes crises politiques et sociales de son pays en janvier dernier?

La réponse pourrait bien se trouver quelque part dans les Alpes, entre Genève et Courchevel, là où réside le clan Abliazov-Khrapunov. Moukhtar Abliazov est un ancien oligarque kazakhstanais, exilé en France mais pourtant poursuivi par les autorités de son pays et un certain nombre de juridictions européennes et américaines pour avoir détourné 7,5 milliards de dollars et dont un tribunal de Londres a déjà gelé 5 milliards de dollars d'actifs. D'après le journal Intelligence Online@, Ilyas Khrapunov, le beau-fils de Moukhtar Abliazov, établi en Suisse depuis 1998 et fils de l'ancien maire de la ville d'Almaty, aurait de son côté créé en 2011 une société écran dans les Caraïbes du nom de Panolos qui représenterait la clé du réseau offshore exploité par le gendre pour son beau-père, et qui aurait au passage permis de dissimuler les fonds du clan, et notamment l'existence d'un chalet à Courchevel. Ilyas Khrapunov fait parallèlement l'objet d'une enquête par la justice genevoise et a été condamné par la Haute cour de Londres à verser près de 600 millions de dollars de dommages et intérêt à BTA.

Autant d'informations qui font penser que de supposées données confidentielles visant le président Tokayev auraient pu être exploitées, voire obtenues, à des fins politiques, par l'oligarque Ilyas Khrapunov, qui vit à Genève et dont les réseaux dans les établissements bancaires suisses doivent être particulièrement fructueux. A fortiori lorsque Abliazov et Khrapunov affirment être victimes d'un acharnement judiciaire de la part de leur pays d'origine.

© www.abcbourse.com

© AbcBourse.com. Tous droits réservés

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis avec les boutons ci-dessous.

Twitter Facebook Linkedin email

Ceci est un article Smartvoice: voir mentions légales

qnltPUIBzrKW-jD-R2pLjfOE87WTZftsBzlZ3P3FcpMLqpys0e7UNCLCVa99kokN

Comparatif des courtiers en ligne