Ubisoft se retrouve à un tournant décisif. Aujourd'hhui, l’éditeur français de jeux vidéo sort Assassin’s Creed Shadows, un nouvel opus de sa franchise phare. Mais l’enjeu dépasse de loin le simple succès commercial. Après une année 2024 marquée par des déceptions et des retards, ce jeu pourrait bien être la dernière carte à jouer pour relancer la machine.
Le studio mise sur un lancement ambitieux, porté par un score Metacritic de 82/100, proche de celui des précédents succès de la saga. Pourtant, l’avenir financier du groupe reste incertain. Ubisoft doit impérativement écouler au moins 10 millions d’exemplaires pour rentabiliser son investissement colossal de 250 à 300 millions de dollars. Une mission délicate, alors que le marché du jeu vidéo est de plus en plus impitoyable.
Un pari risqué pour Ubisoft après une série d’échecs
Ces derniers mois, Ubisoft a enchaîné les déconvenues. L’éditeur n’a pas su transformer ses derniers blockbusters en succès : Star Wars Outlaws, XDefiant, Skull and Bones, autant de titres qui ont laissé les joueurs sur leur faim. Résultat, un chiffre d’affaires en chute libre : 318 millions d’euros au dernier trimestre, soit 100 millions de moins qu’espéré. Pire encore, en trois ans, la valorisation boursière d’Ubisoft s’est effondrée de 85%.
Face à cette situation critique, Ubisoft a dû fermer plusieurs studios, licencier massivement et affronter une première grève du secteur en France en février dernier. Autant dire que la pression est maximale pour Assassin’s Creed Shadows, perçu comme le jeu de la dernière chance.
Un Assassin’s Creed, entre innovation et controverse
Pour se démarquer, Assassin’s Creed Shadows introduit plusieurs nouveautés majeures :
- Deux personnages jouables : Naoe, une kunoïchi (femme ninja), et Yasuke, un samouraï d’origine africaine.
- Un Japon féodal dynamique, avec une météo évolutive influençant le gameplay.
- Un combat plus réaliste et brutal, dans la lignée des derniers succès de la franchise.
Mais cette prise de risque s’accompagne déjà de polémiques. Aux États-Unis, certains conservateurs s’attaquent au jeu en raison de la diversité des personnages. Un sujet brûlant dans un contexte post-Trump où les politiques de diversité (DEI) sont sous tension. Elon Musk lui-même a critiqué le jeu, estimant que "la diversité tue l’art". Un bad buzz qui pourrait impacter Ubisoft, sachant que 53% des précommandes proviennent d’Amérique du Nord.
Des ventes sous haute surveillance et un avenir incertain
À quelques heures du lancement, les premiers indicateurs sont encourageants :
- Numéro 1 des ventes sur Amazon en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis.
- 4e place sur Steam, un score difficile à interpréter à cause de la plateforme Ubisoft Connect.
Malgré ces premiers signaux positifs, les investisseurs restent prudents. La pression est d’autant plus forte que l’éditeur doit générer au moins 956 millions d’euros de chiffre d’affaires ce trimestre, un record absolu pour Ubisoft.
En parallèle, les manœuvres stratégiques en coulisses continuent. Selon Bloomberg, la famille Guillemot, fondatrice d’Ubisoft, envisagerait une restructuration majeure, avec la création d’une nouvelle entreprise regroupant les licences phares. Une tentative de relancer la valorisation du groupe… ou de préparer une sortie de la Bourse ?
Quoi qu’il en soit, Assassin’s Creed Shadows ne sera pas juste un jeu de plus dans la franchise. Son succès – ou son échec – déterminera l’avenir d’Ubisoft.
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