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Et si la BCE intervenait ?


Par Fabrice Cousté

A trois semaines des élections législatives en Grèce, dont l’anticipation du résultat est perçue pour beaucoup comme la porte de sortie du pays à l’union monétaire, le couple franco-allemand a de nouveau discuté hier, lors du sommet européen, des mesures envisageables pour trouver une issue favorable à la crise...

Et les divergences de point de vue restent de mise entre François Hollande et Angela Merkel. Le président français persiste sur la renégociation du pacte budgétaire et la création d’euro-obligations, afin d’obtenir une mutualisation des dettes nationales à l’échelle de la zone euro. De son côté, Angela Merkel y resté opposée, fidèle à sa politique d’orthodoxie budgétaire.

Dans ce contexte, il ne serait pas surprenant que la banque centrale européenne décide d’agir, sans attendre l’échéance électorale hellène du 17 juin. Pour établir un équilibre salutaire face à l’inflexibilité allemande (fondée sur la lutte contre l’inflation), Mario Draghi pourrait annoncer le lancement d’un nouveau LTRO lors de la prochaine réunion monétaire du 6 juin, pour dissiper les tensions des marchés obligataires et permettre aux états périphériques de se refinancer dans des conditions plus acceptables.

Outre la Grèce, l’Espagne est en grande difficulté. Sa dette, récemment délaissée par les investisseurs étrangers, est en cours de renationalisation via un transfert des actifs obligataires dans le bilan des banques locales. Or, celles-ci sont déjà fortement affaiblies par de mauvaises créances accordées aux particuliers alors que le secteur immobilier s’effondre. L’Etat espagnol s’est engagé à injecter 9 milliards d’euros pour sauver Bankia, nationalisée récemment.

Face à ces graves difficultés, un nouveau programme d’achat de dette intermédiée, permettrait de desserrer l’étau sur le secteur bancaire et de faire gagner un peu de temps à la zone euro. Il permettrait aussi de stopper la correction baissière des indices boursiers européens en cours depuis le mois de mars. Un signe favorable destiné aux investisseurs, qui ont grandement besoin d’un choc de confiance pour délaisser les valeurs refuges (dollar US, Bund) et revenir sur les marchés d’actions dont les niveaux de valorisation sont attractifs.

Autres raisons d’espérer, l’estimation de la croissance américaine révisée à la hausse pour 2012 par l’OCDE (à 2.4% contre 2% attendu). En dépit de la correction boursière subie par Wall Street depuis 2 mois, le « découplage boursier » face à l’Europe reste perceptible, soutenu par un secteur technologique en bonne forme.

De son côté, la Chine, forte de ses 3.000 milliards de dollars de réserves de change, est en mesure de lancer des programmes de soutien à l’économie pour stimuler la demande domestique et la croissance. L’assouplissement progressif de sa politique monétaire, via l’abaissement récent du ratio de réserves obligatoires des banques pour soutenir le crédit en témoigne. Une relance économique appréciable pour redonner quelques couleurs à la croissance mondiale.

Fabrice Cousté
DG de CMC Markets France

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