L'essentiel sur l'EBITDA : Tout ce que vous devez savoir
Par Sovanna Sek
Lorsque l'on plonge dans les comptes d'une entreprise, les yeux se tournent naturellement vers le chiffre d'affaires et le bénéfice par action (BPA). Ces indicateurs sont certes essentiels, mais ils ne racontent pas toute l'histoire. Pour décrypter au mieux la santé financière d'une entreprise, surtout dans des secteurs variés où les règles du jeu diffèrent, les investisseurs aguerris se tournent de plus en plus vers un autre indicateur : l'EBITDA.
L'EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization), acronyme barbare pour « Bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement », est un véritable couteau suisse de l'analyse financière. Malgré les réticences de certains, comme le célèbre Warren Buffett, cet indicateur a le vent en poupe et est largement utilisé par les entreprises cotées en bourse dans leurs rapports financiers.
Mais qu'est-ce que l'EBITDA révèle vraiment ? Comment l'analyser correctement ? Quels sont les ratios associés et ses limites ? Autant de questions auxquelles nous allons répondre dans cet article pour vous aider à maîtriser ce ratio indispensable de l'analyse financière.
Qu'est-ce que l'EBITDA ?
Non reconnu par les normes comptables mais apprécié par Wall Street, l'EBITDA consiste à évaluer la capacité de l'entreprise à générer des bénéfices à partir de ses principales activités, sans se soucier de certaines dépenses pouvant fluctuer d'une année à l'autre, telles que les intérêts, les impôts, et les dépenses liées à l'usure des actifs.
On peut comparer l'EBITDA à l'EBIT. L'EBIT, c'est un peu comme l'EBITDA, mais il tient compte de l'usure des actifs. Donc, il donne une image encore plus précise de la santé financière d'une entreprise.
Formules de l'EBITDA
L'EBITDA est souvent publié dans un document annexe aux rapports annuels. Si l'entreprise ne le mentionne pas, il peut être calculé facilement à partir des données du compte de résultat.
Deux formules alternatives existent, soit en partant du bénéfice net ou du résultats d'exploitation/opérationnel. Elles aboutissent au même résultat.
Les formules suivantes sont respectivement :
EBITDA = Bénéfice net + Intérêts + Impôts + Dépréciation + Amortissement
ou
EBITDA = Résultat d'exploitation + Dépréciation + Amortissement
Comment analyser l'EBITDA ?
Tout comme le chiffre d'affaires et le BPA, c'est la croissance régulière sur plusieurs années qui intéresse les investisseurs. Toutefois, l'EBITDA est particulièrement pertinent pour les entreprises de secteurs à forte intensité capitalistique, celles qui nécessitent d'importants investissements pour générer des revenus.
Les opérateurs télécoms, les entreprises d'énergie et certaines industries comme le bâtiment, la chimie, le transport ou l'aéronautique utilisent fréquemment l'EBITDA pour mettre en valeur la performance de leurs activités. Une analyse plus approfondie serait possible en étudiant les ratios associés à l'EBITDA.
2 ratios associés à l'EBITDA à connaître absolument
L'EBITDA peut être utilisé en combinaison avec d'autres ratios pour une analyse complète de la santé financière de l'entreprise. Deux ratios, en particulier, sont incontournables pour les investisseurs.
Le premier est le ratio dette nette/EBITDA. Il permet de mesurer la capacité de l'entreprise à honorer l'ensemble de sa dette à partir de ses bénéfices avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement. Les agences de notation, qui l'utilisent couramment pour évaluer une partie de la solvabilité de l'entreprise, exigent généralement que ce ratio ne dépasse pas un seuil de 5 pour les entreprises non financières et non immobilières.
Le second ratio est la marge d'EBITDA (EBITDA/Chiffre d'affaires). Exprimée en pourcentage, elle indique la part des bénéfices générés à partir d'un euro de chiffre d'affaires. Plus ce ratio est élevé, mieux c'est, car cela signifie que l'entreprise dégage déjà une marge brute élevée.
Les limites de l'EBITDA
Mentionné au tout début de l'article, Warren Buffet n'est pas fan de l'EBITDA. Il estime en excluant une bonne partie des charges financières que cet acronyme relève de l'illusion financière en laissant croire aux investisseurs que l'entreprise donne une image plus flatteuse au sujet de ses fondamentaux. Cela peut être trompeur pour des entreprises qui cache des tonnes de dettes issues de LBO (Opération financière à effet de levier).
D'autre part, l'EBITDA ne reflète pas les variations de fonds de roulement et les CAPEX (Dépenses d'investissement). Or, ces dépenses sont essentielles pour maintenir et développer l'activité de l'entreprise. Une entreprise avec un EBITDA élevé mais nécessitant d'importants investissements, pourrait rencontrer des difficultés de trésorerie.
Conclusion
En résumé, l'EBITDA est le fruit d'une ingénierie comptable pour offrir une vision simplifiée de l'analyse de la performance opérationnelle de l'entreprise. Son utilisation doit être nuancée selon la typologie sectorielle et la structure de capital. Elle sera plus perspicace à sa juste valeur pour des entreprises qui opèrent dans des secteurs matures ou à forte intensité capitalistique.
L'EBITDA, bien qu'utile, peut être complété par d'autres indicateurs, comme la dette nette/EBITDA et la marge d'EBITDA. Une mise en perspective par rapport à l'évolution du free cash-flow permet d'apprécier plus finement la solidité des fondamentaux de l'entreprise.