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Mario Draghi rassurant, la balle est dans le camp espagnol


Par Fabrice Cousté

Sans surprise, Mario Draghi a confirmé le maintien de son principal taux directeur à son niveau actuel (0.75%). Une façon de conserver un potentiel de marge de manœuvre intact, au cas où il serait nécessaire d’activer une nouvelle baisse des taux d’ici la fin de l’année pour assouplir davantage les conditions de crédit en zone euro.

Une façon, surtout, de laisser œuvrer la force de frappe non conventionnelle présentée début septembre, le fameux programme d’assouplissement quantitatif « Outright Monetary Transactions » portant sur des rachats d’actifs obligataires souverains de maturité 1 à 3 ans.

Il est vrai que les marchés ne pouvaient pas en attendre beaucoup plus dans l’immédiat de la part de la banque centrale, tant celle-ci a été réactive au cours des deux derniers mois.

Mario Draghi n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler que l’institution restait dans ses prérogatives, à savoir assurer la stabilité des prix pour contenir une inflation en légère hausse (mais qui ne comporte pas de risque significatif tant les perspectives de croissance et d’emploi sont déprimées en zone euro) et faire tout son possible pour encourager l’unicité monétaire de la zone.

C’est donc désormais aux dirigeants politiques européens de faire preuve de volontarisme, Espagne en tête. Le gouvernement espagnol est vivement observé par les marchés, qui l’encouragent à formuler une demande de sauvetage à la BCE. C’est à cette condition que le programme de rachat d’actifs deviendra effectif.

Parallèlement, les pays engagés sur la voie de la rigueur doivent poursuivre leurs efforts, malgré l’impopularité légitime des réformes.

Dans le sillage des propos de Mario Draghi, les marchés d’actions européens ont peu réagi. Les investisseurs restent attentistes, pas pessimistes. Ils scrutent l’officialisation de la demande d’aide de l’Espagne, qui pourrait servir de catalyseur aux marchés. La correction récente des actions européennes ressemble donc plus à une pause qu’au déclenchement d’un véritable cycle baissier.

Plusieurs facteurs militent en faveur d’un marché « bullish » d’ici le début d’année 2013 : d’une part les actions européennes sont très bon marché, d’autre part elles pourraient bénéficier d’une réallocation géographique des investisseurs. Le ralentissement de pays émergents comme la Chine pénalise les valorisations sur leurs marchés boursiers, tandis que Wall Street n’est pas loin de ses plus hauts niveaux historiques.

De quoi inciter les investisseurs à revenir vers les actions de la « Vieille Europe ». A condition que les avancées politiques et budgétaires observées sur la zone continuent de faire leurs preuves dans les mois à venir.

La normalisation des taux d’emprunt souverains (le Trésor espagnol a adjugé 1.285 Mds d’euros d’obligations à échéance 2014 à 3.282%, contre 5.204% le 19 juillet!) est d’ores et déjà l’un des résultats observés.

Fabrice Cousté
DG de CMC Markets France

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