Shareholder Yield : Une meilleure approche pour évaluer le rendement pour l'actionnaire
Par Sovanna Sek
La direction de l'entreprise dispose de nombreux leviers pour optimiser le rendement pour l'actionnaire. Avant d'en arriver là, elle doit générer régulièrement des bénéfices, et ensuite les allouer efficacement sur le long terme.
Depuis plusieurs décennies, nous faisons le constat que les entreprises les plus établies préfèrent allouer le capital aux actionnaires au détriment des dépenses d'investissement au risque de l'envoyer par la fenêtre. Elles procèdent soit par la distribution de dividendes avec le désavantage qu'ils sont doublement imposés au niveau de l'entreprise et de l'actionnaire individuel, ou soit par les rachats d'actions qui ne sont pas concernés par l'imposition.
Les rachats d'actions sont le levier le plus fréquemment utilisé pour favoriser la création de valeur pour l'actionnaire. Non seulement, le nombre d'actions en circulation se tarit, et donc augmente mécaniquement le cours de Bourse. Mais plus encore, la direction de l'entreprise estime que son cours de Bourse n'est pas valorisé à sa juste valeur par rapport à ses fondamentaux intrinsèques.
Alors quel est ce ratio financier pour mesurer précisément le rendement pour l'actionnaire ? Il s'agit du Shareholder Yield. Voyons comment le calculer, puis faisons ensuite une étude cas avec TotalEnergies.
C'est quoi le Shareholder Yield ?
Le Shareholder Yield est un ratio financier qui vous indique la part de cash reçu par l'actionnaire sous forme de dividendes et de rachats nets d'actions sur une période donnée. On peut en option ajouter la réduction de la dette en supposant que cela ne remet pas en cause le rendement pour l'actionnaire. Si je me tiens à la simplicité, il se calcule à partir de cette formule :
Shareholder Yield (%) = ((Dividendes + Rachats nets d'actions) / Capitalisation boursière)) x 100
Les deux éléments financiers se trouvent dans le tableau de flux de trésorerie (Cash flow statement), plus précisément dans la partie flux de trésorerie de financement (ou Cash flow from financing activities). Vous additionnez le montant des dividendes et des rachats nets d'actions incluant les opérations de rachat et d'émission. Ensuite, vous divisez la somme par la capitalisation boursière, puis vous la multipliez par 100 pour obtenir le Shareholder Yield en pourcentage.
Exemple avec TotalEnergies (TTE)
En 2023, TotalEnergies a versé des dividendes pour un montant de 7,831 Md$ et racheté en net ses actions à hauteur de 9,865 Md$ (10,248 – 0,383). Sa capitalisation boursière s'élève à 159,601 Md$.
Flux de trésorerie de financement de TotalEnergies
Après calcul, cela nous donne un Shareholder Yield de 11,09 %. Supposons que la major pétrolière poursuive sa stratégie favorable à l'actionnaire, les effets sont puissants. Au fur et à mesure que les dividendes augmentent et les rachats d'actions demeurent dynamiques, vous imaginez l'impact positif sur la rentabilité future de votre investissement sans parler du réinvestissement des dividendes.
Conclusion
Le Shareholder Yield offre une approche moderne pour évaluer le rendement pour l'actionnaire. En incorporant non seulement les dividendes, mais aussi les rachats d'actions et éventuellement la réduction de la dette, il offre une mesure plus complète de la valeur totale retournée aux actionnaires. Les investisseurs qui souhaitent avoir une évaluation plus précise et complète des retours potentiels de leurs investissements devraient intégrer le Shareholder Yield dans leur analyse financière. Cette approche permet de mieux comprendre et de valoriser les efforts des entreprises pour maximiser la valeur actionnariale de manière durable et équilibrée.